Rex de José Manuel Prieto : de la monomanie proustienne au Livre
Thomas Barège – Université d’Orléans
Gracq intitulait une partie de En lisant, en écrivant « Proust considéré comme terminus »i. Avec le roman de José Manuel Prieto, Rex, c’est un peu la même chose, Proust considéré non seulement comme terminus mais aussi comme voie/voix unique. Ce roman d’un Cubain exilé, né en 1962, publié en Espagne en 2007ii et traduit en français la même année chez Bourgois, raconte comment un narrateur à la première personne, un Cubain russisant, va entrer au service d’une famille de nouveaux riches russes (au train de vie suspect) installée à Marbella, célèbre station balnéaire espagnole. Il servira alors de précepteur au jeune fils, Petia. Si les Russes ne sont pas ce qu’ils prétendent être, le narrateur aussi est un imposteur, n’ayant jamais été précepteur de toute sa vie. La phrase de Berkeley placée en exergue du livre « Las cosas son tales como se perciben » (Les choses sont telles qu’on les perçoit.) est une bonne introduction à tout cela, à condition de la lire avec un peu d’ironie. La monomanie (proustienne ?)Le narrateur est obsédé par un seul livre qu’il lit et relit sans cesse au point que les autres livres semblent disparaître derrière celui-là. L’identité de ce livre est beaucoup plus problématique qu’il n’y paraît et surtout que ce que Prieto – et ses commentateurs – ne le disent. MonobiblieCette monomanie ou monobiblie, comme on voudra, se construit dès la première phrase du roman qui met d’emblée le lecteur en situation : « Lo he leído durante años, sólo este libro »iv. Nous reviendrons sur le petit air proustien de cette phrase. Le pronom « lo » qui ouvre ainsi le roman, cataphorique référant à quelque chose d’encore inconnu pour le lecteur, montre bien qu’il n’y a pas d’hésitation dans l’esprit du narrateur, il n’y a pas besoin de préciser à quoi il réfère, que cela fait partie de sa vie. Du reste, l’usage du déterminant démonstratif « este », qui est lié à la première personne en espagnol, renforce l’idée de proximité entre le narrateur et « son » livre.
La citation originale provient d’Albertine Disparue :
Prieto semble ici proposer une traduction personnelle de la Recherche. Les formulations sont très proches de la traduction de Pedro Salinas (voire identiques), et, dans une moindre mesure, de celles de Consuelo Berges, ou de celles de Marcelo Menasché, mais le texte de Prieto ne les suit pas parfaitementxvi. Ailleurs, on lit :
La citation originale vient d’un passage connu d’À l’ombre des jeunes filles en fleur :
On pourrait ainsi multiplier les citations ; on mentionnera seulement le fait que le lecteur verra également passer des formules telles que « en búsqueda del tiempo » (à la recherche du temps) qui n’est d’ailleurs pas tout à fait la traduction choisie pour traduire le titre de l’œuvre de Proust en espagnolxix. La piste proustienne est dès lors fermement établie dans l’esprit du lecteur, mais à tort. Proust et CieAu début du cinquième commentairexx, survient un événement tragique pour le narrateur : il se rend compte que le bouriate Batyk, son ennemi dans la maisonnée des Russes a brûlé son livre pendant son absence. Le lecteur ne peut évidemment s’empêcher de penser au chapitre 6 de la première partie du Quichotte et, plus encore, parce que la référence suit de manière explicite, à Bradbury. Dès lors, et c’est Prieto qui l’explique ainsi dans un entretien, le narrateur cite de mémoire et les origines de ces citations se multiplient : Kafka, Nabokov, Érasme… Proust n’est plus tout à fait Proust.
En effet, on peut retrouver les provenances variées de quantité de citations : Boulgakov, un aphorisme de Georg Lichtenberg, Dostoïevski ou encore Comeniusxxii. Livre unique, total et plein de savoirCe pseudo-Proust en vient à assimiler de multiples références, de multiples œuvres pour devenir l’image non seulement d’un livre unique mais encore d’un livre total. Une formule du narrateur revient comme un refrain tout au long de la narration : « en el libro está todo » (dans le livre, il y a tout), et le plus souvent avec une modalité exclamativexxx. Du livre au LivreDogmatisme, sacralisationLe discours du narrateur se construit dans une relation assez dogmatique vis-à-vis du livre. Il est très difficile pour lui de concevoir que l’écrivain aie pu commettre une erreur ou que le livre puisse être remis en cause (le cas de la princesse Demidoff étant problématique). Le livre est une expression, une incarnation de la perfection. Le narrateur se repend également d’avoir pu abandonner le livre dans un moment d’égarementxxxv.
En espagnol, en dehors de la construction spécifique de certains verbes, les compléments directs de personnes, donc désignant un animé humain, sont introduits par la préposition « a », mais pas les objets, inanimés. Or ici, l’introduction de la préposition constitue le plus haut degré de personnification possible du livre. L’objet, comme le montre ce tour linguistique, est considéré par le narrateur au moins comme un être humain, voire divin. Le dernier exemple est particulièrement édifiant.
Prieto propose un texte qui prend une liberté significative avec le canon, une liberté qui n’est pas due à la traduction. En effet, la menace faite par Dieu est de « retrancher sa part de l’arbre de la vie ». Prieto transforme l’image de l’arbre de la vie en celle du livre de la vie, ce qui n’est évidemment pas anodin. Le jeu intertextuel est mis doublement au service de la sacralisation du pseudo-Proust auquel croit le narrateur : d’une part parce qu’il s’agit d’une citation de la Bible, livre sacré, d’autre part parce que le texte est modifié de façon à faire en quelque sorte du pseudo-Proust le symbole de l’alliance entre Dieu et les hommes. Doublement idolâtreL’isotopie lexicale de l’adoration est assez présente dans le récit : « verenación, devoción » (vénération, dévotion) ; « adorar » (adorer) ; « respeto hacia el libro, ultrajar »xlviii (respect envers le livre, outrager). Splendeurs et misères des commentairesLe statut particulier que confère le narrateur à ce livre le place dans un rapport complexe face au commentaire. Le roman de Prieto est très ouvertement une réflexion sur le commentaire et le rapport qu’il entretient avec le texte ou plus précisément la création littéraire. Les paradoxes du commentaireLe narrateur hait l’un des commentateurs du livre qu’il nomme de manière générique « el comentarista » (le commentateur) pendant très longtemps, jusqu’à ce qu’il révèle qu’il se nomme Jorge Luis Borgesli. La rivalité entre le narrateur et le commentateur se lit tout au long du récit, le narrateur reprochant surtout au commentateur de falsifier le sens du livre, voire de falsifier le livre directementlii. La glose et le logosSi Borges sort de l’ombre dans les deux derniers commentaires du roman, l’ombre d’un autre écrivain, commentateur dans toute sa splendeur pèse sur tout le roman, celle de Thomas d’Aquin, qui fait partie de ceux qui ont généralisé la pratique du commentaire. Le monde de la scholastique médiévale apparaît dès le titre par la langue dans laquelle il est offert : Rex, en latin. Dans un entretien d’avant la publication de Rexliv, Prieto explique qu’il est en train d’écrire un livre dont le narrateur considère le livre qu’il a entre les mains comme une Autorité, au sens scholastique du terme. Il donne aussi le titre de son futur roman, titre qui n’est pas encore celui que nous lui connaissons : « el Rey burbuja » (le roi bulle). Le passage de l’espagnol au latin doit nous mettre sur la piste de l’époque médiévale et de ses pratiques du commentaire. Ce détour par l’époque médiévale n’est pas gratuit, il permet de mieux parler du rapport au texte (au Texte ?) qu’entretient notre époque. La pratique de la glose par les copistes était telle que l’on ne parvient plus parfois sur certains manuscrits à différencier le texte de sa glose, ni les différents degrés de glose.
Ce n’est pas par hasard que le langage technique de la gemmologie est convoqué pour décrire le phénomène de la glose. Ne l’oublions pas, Rex raconte une histoire de faux diamants, comme le faisaient déjà les pastiches de Proust, c’est dire la dimension métatextuelle qu’il contient.
Autant dire qu’il ne faut pas lire le roman au premier degré et attribuer cette haine du commentaire à Prieto lui-même. Bien au contraire :
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ces passages : ils comportent autant de degrés de lecture qu’ils évoquent de degrés de commentaires superposés. Le parallèle entre la gemme et le texte s’y révèle être l’argument essentiel de Rex. Replacer ce parallèle entre fausses pierres et faux textes dans une perspective proustienne soulève alors une autre question. L’histoire des fausses pierres est abordée par Proust dans des pastiches. La Fiction comme commentaire sacréNous avons assez insisté sur la dimension métatextuelle de ce roman pour en arriver sans dérouter les lecteurs à la question de la fiction. Le narrateur fait de sa vie – et pas seulement de ses écrits – un commentaire de l’œuvre de l’écrivain. Le texte, son commentaire, le réel et la fiction sont sur le même plan, il y a une sorte de stratégie de l’indifférenciation de la part de Prieto. Notes i. Julien Gracq, En lisant, en écrivant, in Œuvres complètes II, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1995, p. 621.
ii. Nous citerons dans l’édition suivante : José Manuel Prieto, Rex, Barcelona, Anagrama, 2007. Figureront en chiffres romains, le numéro du commentaire, suivi en chiffres arabes, du numéro du chapitre puis de celui de la page. Nous traduisons toutes les citations.
iii. Il pourrait aussi être tentant d’intituler mes trois parties Proust / Thomas d’Aquin / Borges. Même si ce ne sera pas aussi clairement délimité, nous n’en serons peut-être pas loin par moments.
iv. Ibid., I, 1, p. 11. « Je l’ai lu pendant des années, ce livre-là seulement ».
v. « un seul livre », Ibid., I, 2, p. 13 ; I, 3, p. 29 ; « un unique livre », XII, 8, p. 230. Voir aussi, VIII, 4, p. 134, entre autres.
vi. Ibid., VI, 5, p. 104.
vii. Ibid., XII, 2, p. 220. « un livre antérieur et un livre inférieur au livre ».
viii. Ibid., I, 1, p. 12. « Et c’était le livre ultime ! »
ix. Morel surgit par exemple en VIII, 8, p. 142, Mme de Stermaria en X, 9, p. 181.
x. Ibid., VI, 1, 94. « Comme dit l’écrivain à propos de Flaubert, qu’il ne trouve jamais chez lui (et moi non plus) une bonne image. » Citation exacte de Proust : « Il n’y a peut-être pas dans tout Flaubert une seule belle métaphore. », Marcel Proust, Contre Sainte-Beuve, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 586. Édition désormais abrégée en CSB.
xi. Armando Valdés Zamora le souligne également dans un article. Voir : Armando Valdés Zamora, « Para llegar a ser Rex », La balsa de la musa – blog, 27/06/2010, lien internet : http://labalsadelamusa.over-blog.com/article-para-llegar-a-ser-rex-53041431.html (consulté le 20/10/2011) Anke Birkenmaier construit un de ses articles sur cette idée : Anke Birkenmaier, « Art of the Pastiche: José Manuel Prieto’Rex », Revista de estudios hispánicos, University of Alabama Press, vol. 43, n° 1, 2009, p. 123-147.
xii. José Manuel Prieto, Rex, op.cit., X, 1, p. 169.
xiii. Ibid., IX, 9, 165 dans Rex, chez Proust, À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1987-1989, vol. II, p. 623. Édition désormais abrégée en « RTP », suivi du numéro du volume, puis du numéro de la page.
xvi. Prieto cite (VIII, 4, p. 134) le titre (fautif et très mauvais !) choisi par Salinas (« Unos amores de Swann ») pour traduire Un amour de Swann, ce qui conforte dans l’idée qu’il travaille principalement à partir de cette traduction et de ses suites données, l’une par Consuelo Berges pour la maison d’édition Alianza editorial dans les années 1960 et l’autre par Marcelo Menasché pour l’éditeur argentin Santiago Rueda dans les années 1940. Nous avons présenté une synthèse sur les traductions espagnoles de Proust lors du XXXVIIe congrès de la SFLGC à Bordeaux en 2011.
xvii. José Manuel Prieto Rex, op.cit., II, 3, p. 31.
xviii. Marcel Proust, RTP, op.cit., II, p. 146.
xix. José Manuel Prieto Rex, op.cit., IV, 1, p. 63. Deux titres en espagnol sont en « concurrence » selon les traductions « En busca del tiempo perdido » et « A la busca del tiempo perdido ».
xxi. « Dans Rex, les citations de Proust se terminent lorsque le précepteur se rend compte que l’on a brûlé son exemplaire d’À la recherche du temps perdu, dont il se servait pour faire cours à son élève. À partir de là, le livre se convertit en un jeu de citations de multiples auteurs, c’est-à-dire que les citations de Proust proprement dites durent jusqu’au moment où le narrateur rentre et se rend compte que le bouriate, le « méchant » du roman, lui a brûlé son livre (et il l’appelle alors Montag, comme le protagoniste de Fahrenheit 451, le roman de Bradbury). À partir de là, le narrateur commence à improviser. Le « livre » dont il a parlé pendant tout le roman se transforme en une sorte de compilation de tous les livres. De telle sorte que l’« écrivain » change, et se transforme successivement en Vladimir Nabokov, Mikhaïl Boulgakov, Franz Kafka […] etc. » María del Mar Gómez, « Entrevista con José Manuel Prieto. “Los libros que nos gustan siempre provocan extrañeza.” », Quimera, n° 288, novembre 2007, p. 61. Le titre même de cet entretien est un souvenir de Proust lui aussi : « Les livres que nous aimons provoquent toujours un sentiment d’étrangeté », formule qui rappelle le célèbre « Les beaux livres sont écrits dans une sorte de langue étrangère. » (CSB, op.cit., p. 305).
xxii.José Manuel Prieto, Rex, op.cit, respectivement : IX, 2, p. 150 ; VIII, 6, p. 138 ; XI, 2, p. 188 ; XI, 7, p. 197.
xxvii. Ibid., IX, 2, p. 151.
xxviii. Jean Valjean devient un personnage de l’écrivain (Ibid., V, 6, p. 88). On voit également surgir Stendhal (Ibid., VI, 5, p. 103), la Lolita de Nabokov (Ibid., VI, 8, p. 109) ; ou encore Shakespeare (Ibid., VIII, 4, p. 134-135) et plus inattendu, Star Wars (Ibid., p. 92-94).
xxix. Ibid., V, 2, p. 77. RTP, op.cit., II, p. 480. José Manuel Prieto a d’ailleurs consacré un article à Matrix et à Saint Thomas d’Aquin : « Territorio angélico: Matrix y santo Tomás de Aquino », Lateral: Revista de Cultura, n° 105, Septembre 2003, p. 17-18.
xxx. Ibid., notamment, pages 34, 40, 43, 76.
xxxi. Ibid., Voir par exemple : p. 37, p. 73, p. 196, p. 230.
xxxii. Ibid., I, 5, p. 19. « Adopter l’écrivain comme unique auteur de base, transformer en savoir les connaissances du livre ».
xxxiii. Ibid., V, 5, p. 84. « Seul le livre te permet d’apprendre à juger correctement les hommes, de les percer à jour en profondeur, de découvrir et comprendre leurs mobiles les plus obscurs, de sonder l’abîme de leur âme ».
xxxiv. Ibid., XII, 1, p. 215. « tout le savoir littéraire de l’Occident ».
xxxv. Ibid., I, 7, p. 22.
xxxvi. Ibid., IX, 1, p. 148. « Nous pouvons nier l’existence réelle de tout ce qui est en dehors du livre, les piscines par exemple, que l’écrivain ne mentionne jamais et bien difficilement par là même, parce qu’elles ne figurent pas dans le livre, lisibles ».
xxxvii. Ibid., V, 1, p. 75 ; XI, 17, p. 211 et IX, 10, p. 167. Nous soulignons.
xxxviii. Ibid., III, 2, p. 49.
xxxix. Ibid. « Le livre bâti sur la solidité d’une langue universelle, d’un parler primitif ».
xl. Anke Birkenmaier fait d’ailleurs le parallèle avec la pensée de Steiner dans Après Babel, op. cit., p. 130.
xli. José Manuel Prieto, Rex, op.cit., IV, 1, p. 63. « Tout, toutes les choses, tous les hommes, le meilleur livre jamais écrit, une somme de l’expérience… Humaine ? Humaine ».
xlii. Ibid V, 4, p. 81. « l’inspiration divine qui l’a engendré et sans l’aide de laquelle il est impossible d’expliquer son apparition, qu’il ait été écrit par un simple mortel, par un Français, atteint d’asthme, qui, littéralement, a manqué d’air toute sa vie ».
xliii. Ibid XI, 13, 206. « J’assure à tous ceux qui entendent les paroles des prophéties de ce livre : que si quelqu’un leur ajoute quoi que ce soit, Dieu déchaînera sur lui les fléaux décrits dans ce livre, et si quelqu’un retranche quoi que ce soit aux paroles du livre de cette prophétie, Dieu lui retranchera à lui le livre de la vie. » Apocalypse, xxii, 18-19, dans le texte de la Traduction Œcuménique de la Bible : « Je l’atteste à quiconque entend les paroles prophétiques de ce livre : Si quelqu’un y ajoute, Dieu lui ajoutera les fléaux décrits dans ce livre. Et si quelqu’un retranche aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la cité sainte, qui sont décrits dans ce livre. » / Texte espagnol dans la Biblia de las Américas : « Y si alguno quita de las palabras del libro de esta profecía, Dios quitará su parte del árbol de la vida y de la ciudad santa descritos en este libro. »
xliv. José Manuel Prieto, Rex, op.cit., p.30 et p.73.
xlv. Ibid., IX, 2, p. 150. « le livre comme le Livre ».
xlvi. La traduction anglaise choisit, dès la première phrase, d’écrire, de manière assez symptomatique, « the Book » avec la majuscule.
xlvii. Ibid., XI, 7, p. 199. Expression déjà employée en VII, 1, p. 115.
xlviii. Ibid., respectivement, IV, 4, p. 69 ; V, 1, p. 73 ; XII, 7, p. 227.
xlix. Ibid., IV, 2, p. 64. « Je suis resté avec une seule femme, comme l’écrivain avec Albertine ».
l. Ibid., XII, 4, p. 223-224.
li. Ibid., XII, 5, p. 224.
lii. Quelques passages – entre autres – où on lit ces reproches : Ibid., p. 13 ; 32 ; 33 ; 106 ; 107 ; 115 ; 122 ; 141 ; 151 ; 193 ; 209 ; 226…
liii. María del Mar Gómez, op. cit., p. 60. « […] dans la fiction de Rex, Borges représente ce phénomène du commentaire, d’un certain épuisement d’une culture ».
liv. Ernesto Escobar Ulloa, « Entrevista con José Manuel Prieto. “Mi enciclopedia es una novela” », Lateral, n° 120, diciembre 2004, p. 7.
lv. José Manuel Prieto, Rex, op.cit., VI, 1, p. 93. « Impossible à première vue de distinguer du texte original, ceux de l’apostilleur, du commentateur. Soumis à une analyse isotropique, lu de droite à gauche, en commençant par le dernier mot, à la manière de ces prodiges de la mémoire de l’Inde, on ne trouverait dans ses paragraphes la moindre fracture, faille dans laquelle la lumière sous un autre angle, comme dans un cristal limpide. »
lvi. Ibid., VI, 1, p. 94. « Ô l’horreur d’ouvrir un livre et d’y trouver incrusté en son commencement même un fragment ou une fausse pierre du commentateur. Pierre fausse sur pierre fausse ! Le décorant ! Semble-t-il ! Un écrivain, par exemple, qui dit : “comme dit”. Ou bien : “selon les propos de”. Et le texte, la semence sur laquelle il érige son commentaire est un commentaire du commentateur. N’est-ce pas abominable ? Des commentaires triples ou quadruples, des commentaires de commentaires que l’on vend comme d’infâmes fabricants de fausses pierres… »
lvii. María del Mar Gómez, op. cit., p. 60. « […] le roman se veut une critique du commentaire et des commentateurs, que [mon narrateur] présente comme un mal très actuel (et selon cette théorie du retour au Moyen-âge, du nouveau Moyen-âge, par exemple de Nicolas Berdiadev, et de nombreux autres, Huizinga inclus) bien qu’il finisse par être un commentaire. C’est tout le temps un double jeu. Il critique le commentaire comme art second mais la fiction romanesque est organisée comme un commentaire.
lviii.Anke Birkenmaier, op. cit., p. 125. « Je vais analyser le roman de José Manuel Prieto, Rex (2007), tout en même temps un pastiche proustien et un commentaire sur Proust. »
lix. Ibid., p. 127. « Rex est un crypto-pastiche ; il se fait passer pour une glose d’À la recherche du temps perdu de Proust alors qu’en réalité c’est une réécriture de ses Pastiches et mélanges. »
lx. Anke Birkenmaier souligne que certains passages de Rex semblent mettre en mettre en pratique le concept lézamien de fijeza. op. cit., p. 132-133.
lxi. À l’origine, elle vient des stoïques grecs.
___________________________________________________ - Auteur : Thomas Barège – Université d’Orléans
- Titre : Rex de José Manuel Prieto : de la monomanie proustienne au Livre - Date de publication : 20-11-2012 - Publication : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense - Adresse originale (URL) : http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=comm&comm_id=130 - ISSN 2105-2816 |