Attention, voici Febrônio !
Carlos Augusto Calil
En août 1927, un double crime odieux secoua la capitale fédérale. Les corps de deux jeunes mineurs avaient été découverts sur l’île de Ribeiro, à Jacarepaguá. Le père du plus jeune identifia sur les fichiers de police Febrônio Índio do Brasil comme étant le responsable. Febrônio, métis et homosexuel, avait publié un an plus tôt Les Révélations du Prince du Feu, écrit depuis sa prison d’Ilha Grande. Il se proclamait prophète d’une secte qui adorait le « Dieu Vivant ou Aimant de la Vie ». Les crimes qu’on lui reprochait étaient entourés d’une aura mystique mêlée à une sexualité frénétique. Déclaré « porteur d’une psychopathologie constitutionnelle caractérisée par des écarts éthiques prenant la forme de “folie morale” et de perversions instinctives », il fut incarcéré jusqu’à la fin de ses jours. Quatre écrivains, au moins, se sont intéressés au cas de Febrônio : Blaise Cendrars, qui lui consacra son texte « Magia sexualis », Prudente de Morais, neto et Sérgio Buarque de Holanda, les éditeurs de la revue Estética, ainsi que Mário de Andrade.
Cette épigraphe est celle du livre de Febrônio – As Revelações do Príncipe do Fogo (Les Révélations du Prince de Feu) – publié à Rio de Janeiro en 1926 à compte d’auteur2. Ce petit ouvrage de 68 pages réunit plusieurs invocations, sur le mode de la prière, qui s’ouvrent par « Eis-me » (« Me voici »), en majuscules, un Ecce homo écrit à la première personne. Cet extrait, qui suscita l’enthousiasme de Blaise Cendrars, a été repris dans le texte qu’il écrivit, « Febrônio (Magia Sexualis) » :
Ces invocations accompagnent un laborieux processus d’auto-reconnaissance et d’émancipation, une véritable construction du Moi, sous le prisme de la mythologie, conçus par un métis pauvre, supérieurement intelligent, marginalisé et qui accomplissait une peine de prison au pénitencier d’Ilha Grande. Il propose le récit de sa rédemption divine :
Au long de son livre, Febrônio se décrit comme un « pobre aldeão » (un « pauvre paysan ») ; « humilde órfão »(« humble orphelin »), « pupilo peregrino » (disciple pèlerin), « o justo profetizado e amigo chegado... » (« le juste prophétisé et l’ami arrivé »), finalement racheté par la « tendresse d’un père charitable » […] :
Qui est ce « jeune homme insignifiant, mais d’une si précieuse valeur » ? Febrônio est né à São Miguel de Jequitinhonha, un territoire qui est resté jusqu’à aujourd’hui l’un des plus pauvres du pays. Il est le deuxième fils de Teodoro, dit Teodorão, exerçant entre autres professions le métier de boucher, un alcoolique qui battait femme et enfants. Sa mère, Reginalda, est présentée par Febrônio comme « l’Étoile de l’Orient » et apparaît, au sein du livre, dans le texte de la prière « Salve Rainha » (« Salve Regina »). Febrônio fugua de chez lui à l’âge de douze ans pour suivre un commis voyageur. Il a vécu à Belo Horizonte avant d’arriver à Rio de Janeiro. Les noms adoptés par Febrônio sont légions : Febrônio Índio do Brasil, alias Tenente (Lieutenant), Teborde Simões de Matos Índio do Brasil, Fabiano Índio do Brasil, Pedro de Sousa, Pedro João de Sousa, José de Matos, ou Febrônio Simões de Matos – problablement son nom de baptême. Il a également utilisé le nom de Bruno Ferreira Gabina. Malgré l’affirmation de Pedro Nava, qui a vu en lui « un métis, indien Puri et majoritairement blanc, à la peau claire »3, Febrônio était descendant d’Indiens et de Noirs, et son choix d’utiliser le patronyme « Índio do Brasil » (Indien du Brésil) visait une valorisation sociale. En août 1927, deux crimes odieux mettaient en émoi la capitale fédérale. Les corps de deux jeunes mineurs – Alamiro Ribeiro et João Ferreira – avaient été découverts sur l’île de Ribeiro à Jacarepaguá. Ils étaient âgés respectivement de 17 et 11 ans. Ils avaient été étranglés. Le père du plus jeune d’entre eux avait désigné, dans une déposition auprès de la police, Febrônio Índio do Brasil comme le responsable de ces assassinats. La reconstitution établie lors du procès présente ainsi le déroulement de ces crimes :
Premier crime Le 13 août 1927, Febrônio suivait la route reliant Jacarepaguá à la plaine de Tijuca, en direction de l’île de Ribeiro. Au lieu dit Marimbeiro, devant la porte d’une maison, il rencontra un jeune garçon. Une fois la conversation engagée, l’enfant dit à Febrônio que son jeune oncle, nommé Alamiro, recherchait un emploi et il l’invita à entrer. Febrônio se présenta à Alamiro en tant que chauffeur de la Compagnie d’Autocars Lopes et prétendit être à la recherche d’un employé pour cette entreprise. La compagnie prévoyait l’installation d’une ligne de bus régulière entre les quartiers de Leblon et de Porta d’Água qui passerait nécessairement par là, et le travail d’Alamiro consisterait à s’occuper d’un dépôt de matériel qui serait installé près de sa propriété. Febrônio fut invité à rester diner, ce qu’il accepta volontiers. Il proposa ensuite à Alamiro de l’accompagner jusqu’au siège de la compagnie d’autocars. Le chef du foyer affirma qu’il était trop tard pour s’y rendre, mais Febrônio répliqua qu’Alamiro devait venir « signer un document de l’entreprise » et que la ligne de bus devait entrer en fonction dès le lundi suivant. Il se mit en marche, accompagné d’Alamiro, sur la route de Tijuca en direction de l’île de Ribeiro, s’empêtrant dans les bois, au beau milieu de la nuit. Il choisit un endroit où s’étendre, tapissant le sol de feuilles sèches. Puis, il retira ses vêtements et, brandissant un couteau, il obligea le jeune homme à se déshabiller à son tour puis à se coucher sur le sol. Alamiro résista et une bagarre s’ensuivit. C’est alors que, le maintenant par le cou, Febrônio, aurait étranglé Alamiro avec une liane que les légistes de l’enquête retrouvèrent enroulée autour du cou de la victime.
Second crime Le 29 août 1927, sur l’île de Caju, Febrônio fit la rencontre, à la porte de la maison n° 4, du jeune mineur João Ferreira, avec qui il engagea aussitôt la conversation, en lui offrant des confiseries et en lui proposant un emploi de maître d’hôtel chez une grande famille de l’avenue Pedro Ivo. À l’arrivée de sa mère, le jeune garçon la mit au courant de l’offre qu’on venait de lui faire. La mère s’y serait montrée hostile, argumentant notamment que son fils était bien trop jeune pour être employé si loin. Febrônio, persuasif, parvint à vaincre les réticences de la mère. Celle-ci exigea cependant d’obtenir d’abord le consentement de son époux, qu’il faudrait aller trouver à l’atelier où il travaillait. En compagnie de Febrônio, le jeune João se dirigea vers la plage de Retiro Saudoso où travaillait son père. Il lui présenta Febrônio, qui s’adressa au père en présentant l’affaire de l’emploi comme étant déjà fermement entendue avec la mère de João, qui souhaitait simplement l’en informer. Le père aurait posé quelques questions sur la maison où le fils serait engagé, avant d’accepter la proposition. De retour chez lui après le travail, le père interrogea sa femme sur cette affaire et, comme elle démentit avoir donné son consentement, il sentit le coup fourré et partit les retrouver en direction de l’avenue Pedro Ivo. En vain, il s’adressa sur place à toutes les maisons de famille et, ne retrouvant pas son fils, il alla porter plainte à la police. La presse fit ses choux gras de ces deux crimes. Plusieurs articles illustraient le climat de panique qui avait saisi la ville : « Un crime odieux sur l’île de Ribeiro », « Étranglé en pleine forêt » ; ou, après l’identification du coupable : « Febrônio et ses crimes révoltants », « Le crime d’un dégénéré », « Les crimes du scélérat qui se dit “Fils de la Lumière” », « Les monstruosités d’un bandit ». La presse suivit de près les enquêtes de police. Les aveux de Febrônio auraient été extorqués par des violences. Le dossier criminel de Febrônio s’épaissit considérablement : escroquerie, fondation d’une société fantôme, l’« Union Brésilienne », qui proposerait une assistance médicale, pharmaceutique et funéraire. Il lui était arrivé de cuire une tête humaine dans un bidon de graisse afin d’obtenir un crâne qui lui servirait pour pratiquer ses activités d’arracheurs de dents. Il s’était rendu suspect de l’assassinat de Bruno Ferreira Gabina, un dentiste qui avait disparu sans laisser de traces. Tous les éléments émotionnels et factuels propres à créer, grâce à la presse et aux autorités, un monstre social, un ennemi public numéro un, étaient réunis, et ils ont été analysés par Gláucio Soares Bastos dans son mémoire de master, encore inédit malheureusement, intitulé Comment s’écrit Febrônio4. Nous y prélevons ici un texte publié dans la revue Fon-Fon de septembre 1927, pour ce qu’il a de révélateur quant à l’exacerbation de l’état d’esprit de la presse de l’époque :
La diabolisation de Febrônio, métis, pauvre et homosexuel, était du bain béni pour la presse qui n’avait jamais vendu autant de journaux, en rapportant dans les éditions du matin et du soir les faits et gestes de cet étrange personnage. Febrônio fut transformé en objet d’étude et d’observation par les scientifiques et les autorités, à la demande, toujours, de O Jornal, un quotidien appartenant à Assis Chateaubriand et dirigé par Rodrigo Melo Franco de Andrade, écrivain original et d’une extrême discrétion, qui allait devenir directeur du service du Patrimoine historique et artistique national. L’une de ces recherches fut menée par le docteur Leonídio Ribeiro6, éminent médecin légiste, défenseur de l’universalisation de la carte d’identité qui, comme la montre-bracelet, fut l’une des rares contributions du Brésil au progrès de l’humanité. Son étude, quoique conventionnelle et s’appuyant sur des théories déterministes héritées du XIXe siècle, propose non sans candeur la seule déposition où Febrônio n’est pas sur ses gardes, et où il dévoile ses rêves, avant d’avoir à affronter les épreuves de l’enquête policière et psychiatrique.
Les rêves de Febrônio
Cette étude renferme également une importante révélation, grâce à la contribution du docteur Murilo de Campos, un jeune médecin psychiatre, invité par le grand ponte Leonídio Ribeiro à observer Febrônio. Murilo de Campos, qui allait être, un an plus tard, le signataire de la charte fondatrice de la Société brésilienne de psychanalyse, propose, dans son article7, un résumé circonstancié des théories de Freud, publié dans un journal à grand tirage au milieu des reportages sur le sujet le plus en vogue à Rio. Il y évoque l’instinct sexuel, la libido, la perversion sexuelle, la sexualité infantile et la théorie sexuelle des névroses.
On voit clairement, dans ce texte, que la coexistence était encore possible entre les théories positives de la psychiatrie et celles de la psychanalyse émergente. Sur les photographies de Febrônio, qui accompagnent l’étude des deux médecins, sont mises en valeur sa gynécomastie (surdéveloppement mammaire) et sa scoliose. Toutes les mesures anthropométriques réunies tendent à prouver – ou à insinuer – que le type physique de Febrônio le rendait propice à la dégénération. Il fut, enfin, catalogué comme appartenant au « type dysplastique de Kretschemer ». Le rapport que la justice commandera au docteur Heitor Carrilho, et qui sera établi par ce psychiatre au cours de l’année 1928, présente les mêmes caractéristiques. Toutes les théories y sont invoquées, indépendamment de leur provenance ou de leur idéologie, pourvu qu’elles servent à stigmatiser le patient, entrainant ainsi en dernière instance son internement dans un asile judiciaire, ce qui lui épargna un jugement au tribunal. Dans la pratique, une telle sentence équivalait à condamner Febrônio, sans jugement, à la prison à perpétuité. En effet, il fut interné à l’asile en 1929 pour n’en sortir, après son décès, qu’en 1984. Le rapport évoqué8 va jusqu’à convoquer la psychanalyse, aussi bien dans les opinions du docteur Murilo que sous la plume de Heitor Carrilho lui-même.
À la lumière de la Médecine légale des aliénés, de Kraft-Ebbing9, Heitor Carrilho cherche à répondre à cette question : Febrônio pratiquait-il ses crimes poussé par le vice de la perversité ou était-il atteint de la maladie de la perversion ? La conclusion à laquelle parvient le médecin penche vers la seconde hypothèse :
Convaincu par la puissante force persuasive de ce rapport, le juge, en dépit de la modération de l’initiateur, ordonna l’enfermement de Febrônio à l’asile judiciaire, où il se retrouva otage du docteur Heitor Carrilho, comme l’ont clairement démontré Francisco Caminha et Virgilio Mattos dans leur étude « Contre les ténèbres des illuminés, le Fils de la Lumière ». Febrônio essaya à plusieurs reprises de faire réviser sa condamnation, par voie directe ou par l’intermédiaire de son frère. Sa liberté lui aura toujours été refusée. Il fut considéré que sa maladie ne présentait pas de signe de rémission, malgré les traitements à base d’injections de Cardiazol ou d’électrochocs qu’il subissait, et qui allaient entrainer son émasculation. Le Febrônio que, dans les années 70 et 80, Márcia Cezimbra (reporter du journal O Globo), Peter Fry (auteur de l’essai « Febrônio Índio do Brasil : au croisement de la psychiatrie, de la prophétie, de l’homosexualité et de la loi »10), Sílvio Da-Rin (réalisateur du court-métrage O Príncipe do Fogo – Le Prince du Feu11) et moi-même avons rencontré n’était plus que l’ombre mélancolique du redoutable assassin mystique. Il tenait des propos incohérents mais il avait conservé le désir de s’évader. Il se disait prêt à rémunérer grassement quiconque le ramènerait sur l’Avenida Central à Rio…
L’évangile selon Febrônio Le livre de Febrônio, publié en 1926, a été rédigé dans le pénitencier d’Ilha Grande. La couverture ne mentionne pas le nom de l’auteur, ce qui a rendu difficile son identification au sein de la bibliothèque de Mário de Andrade. Febrônio « ne l’avait pas signé, car il n’était mû par aucune vanité d’auteur, mais uniquement par les objectifs de sa mission ». Au long de ses 68 pages, on y trouve près de 60 invocations adressées au Dieu d’Abraham. Lorsque le Créateur cherche à éprouver l’obéissance d’Abraham, qui s’apprête à lui sacrifier son fils bien-aimé, l’Ange interpelle le patriarche, et celui-ci répond : « Me voici ». C’est par cette formule, « Me voici », que Febrônio, frère d’Abraham, débute ses invocations sur le mode de la prière. Inspiré par Isaïe, Daniel, l’Apocalypse, la Genèse, et l’Épître de Saint Paul, le texte de Febrônio est un savoureux pastiche dont l’extrait suivant offre un exemple, illustrant la voix de celui qui a reçu l’onction :
Dans ce Poème du Moi d’un « Prince Vagabond » autodidacte existe, au-delà de l’imitation d’un langage élevé, rigoureux, dominateur, vertical, comme l’a montré Erich Auerbach, un émouvant appel à la rémission de cette créature en mal d’insertion dans le monde culturel et dans l’ensemble de la société. Celui qui s’exprime de cette manière, le nommé Febrônio, est emprisonné à Ilha Grande. Sa vie a été celle d’un vagabond, semée d’embûches, de dérives en dérives, sans sécurité, sans ancrage dans aucun régime économique, groupe social ni familial. Son texte est le pathétique – et incompréhensible – appel d’un marginal en proie à des impulsions sexuelles irrépressibles et hors-norme.
L’affirmation du commandement divin justifie la permission de tuer (« ouvre les portes de la mort ») tout en lui refermant le corps (« le puits de l’abîme »). Mário de Andrade, qui a conservé l’unique exemplaire du livre de Febrônio qui n’ait pas été saisi et détruit par la police, a annoté son exemplaire des Révélations du Prince du Feu avec les expressions « délicieuse érudition », « harmonieuse louange », « élégant témoignage », « nuits confuses », en soulignant les qualificatifs de l’auteur. Dans le même esprit, je soulignerai à mon tour une certaine sensualité musicale, l’alliance surprenante des qualificatifs – « scintillante splendeur », « bienfaitrices réunions astrales », « erreur masquée », « parfum incrusté ». Dans cet ouvrage, les éclairs sont des « témoins scintillants » qui produisent de la « scintillance ». Les verbes et les adverbes sont maniés avec une grande liberté imaginative : « voletant aux entours », « églisement dans l’ultime disposition du Temple sanctifié », « fulguramment dans les voies sous-terraines des vallées profondes, [les minerais] s’écoulent, […] pour servir ma création vivante, remémorer un témoignage sangloté », « percutant des larmes d’immense plaisir », « usufruitant la piété » ; Febrônio se délecte de formulations grammaticales solennelles portugaises : « acrescentar-vos-ei » (« à vous j’ajouterai »), « emanar-vos-ei » (« de vous j’émanerai »), « suscitar-vos-ei » (« en vous je susciterai »), « memoriar-te-ei um hino nos louvores solenes... » (« je vous remémorerai un hymne aux louanges solennelles »), « cingir-vos-ei com preciosos cintos de lindas cores… » (« je vous cintrerai de ceintures aux belles couleurs »). Une réelle poésie transparaît involontairement dans ce petit ouvrage confidentiel. Qu’on veuille bien y prêter l’oreille :
Outre Mário de Andrade, dont le raisonnement critique lui permettait d’apprécier « la poétique mystique » de Febrônio, ce livre connut encore deux autres lecteurs illustres : Sérgio Buarque de Holanda et Prudente de Morais, neto, les deux inséparables amis qui publiaient à l’époque la revue Estética. Enthousiasmés par la phrase « suscitar-vos-ei grandes peixes mansos » (« en vous je susciterai de grands et doux poissons »), ils ne l’avaient toujours pas oubliée plus de quarante ans plus tard. Ils voyaient dans le phrasé de Febrônio une manifestation spontanée d’un surréalisme local12. Febrônio, prophète réincarné, se présente, dans une suite d’oraisons, face aux éléments de la nature. Le voici : terre, mers, espaces, végétaux, animaux, pierres, nuages, îles, quatre vents, minerais, montagnes, eaux, jaspe, sardoine, arc-en-ciel, etc. L’évangile de Febrônio est également panthéiste et, dans son agencement, animiste : l’enfant prophète a été élevé au niveau de Dieu-tout-puissant pour partager avec lui le mystère de la Création.
Pour terminer, je voudrais évoquer, à la manière de notre écrivain et prophète, la parole de Iahvé, extraite du livre de Job :
Celui qui obscurcit les dessein du Créateur, c’est l’ennemi public numéro un, le plus grand marginal brésilien du siècle dernier, l’homme qui, privé d’un véritable jugement, allait subir une peine d’emprisonnement à perpétuité, celui dont le nom a été banni des fonds baptismaux et du registre civil, le croquemitaine dont l’évasion gâcha le carnaval de 1935, celui dont le seul nom suscitait la panique chez les enfants, qui tremblaient dès que leur mère menaçait : « Attention, voici Febrônio ! ».
Traduit du portugais par Simon Berjeaut
1 Traduction en français de Blaise Cendrars, in : « Febrônio (Magia Sexualis) », La Vie Dangereuse, in : Œuvres Complètes, Club Français du Livre, 1970, Paris, vol. 8, p. 56-100. 2 Publié par les éditions Monteiro & Borrelli, exemplaire conservé dans le Fonds Mário de Andrade, aux Archives de l’IEB-USP, également en version digitalisée, disponible sur : http://200.144.255.123/Imagens/Biblioteca/MA/8Media/MA585-1.pdf 3 Pedro Nava, O círio perfeito. Memórias 6, Rio de Janeiro, Nova Fronteira, 1984, p. 365. 4 Glaucia Soares Bastos, Como se escreve Febrônio. Mémoire de master. Département de Théorie Littéraire, Institut d’Études des Langues, Unicamp, 1994. 5 « Eu sou filho da luz », Revue Fon-Fon, n° 37, septembre 1927, p. 54. In : Glaucia Soares Bastos, Como se escreve Febrônio, op. cit., p. 69. 6 Leonídio Ribeiro « Homossexualismo e endocrinologia ». In : Arquivos de Medicina Legal e Identificação, n° 14, Rio de Janeiro, 1937. 7 Murilo Campos et Leonídio Ribeiro, « O caso de Febrônio perante a psiquiatria », O Jornal, Rio de Janeiro, 15/10/1927. In : Glaucia Soares Bastos, op. cit., p. 56-57. 8 Heitor Carrilho, Rapport de l’examen médico-psychologique de l’accusé Febrônio I. do Brasil. In : Archivos do Manicômio Judiciário do Rio de Janeiro, ano 1, 1930. 9 Richard von Krafft-Ebing, Médecine Légale des alienés, Paris, Octave Doin, 1911. 10 Peter Fry, « Febrônio Índio do Brasil: onde cruzam a psiquiatria, a profecia, a homossexualidade e a lei ». In : Carlos Vogt et al., Caminhos cruzados; linguagem, antropologia e ciências naturais, São Paulo, Brasiliense, 1982. 11 O Príncipe do Fogo, film réalisé par Sílvio Da-Rin, produit par Lumiar Produções Audiovisuais Ltda., Rio de Janeiro, 1984. 35mm, BP, 11 min, son. Disponible sur : 12 D’après leur témoignage dans le film Acaba de chegar ao Brasil o bello poeta francez Blaise Cendrars (Carlos Augusto Calil, 1972), reproduit dans le livre A aventura brasileira de Blaise Cendrars (Alexandre Eulalio et Carlos Augusto Calil), Edusp, Imprensa oficial, 2001, p. 553. ___________________________________________________ - Auteur : Carlos Augusto Calil
- Titre : Attention, voici Febrônio ! - Date de publication : 26-02-2016 - Publication : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense - Adresse originale (URL) : http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=comm&comm_id=170 - ISSN 2105-2816 |