Latinité désirée, latinité rejetée Sur quelques ambiguïtés d’un concept en contexte francophone
Véronique Porra (Johannes Gutenberg-Universität Mainz)
Dans le contexte de la mondialisation grandissante, le passage à ce que Jürgen Habermas a appelé une « constellation postnationale »1, a entraîné des redéfinitions d’ordre identitaire et la recherche d’autres espaces réels et symboliques d’identification. Face à un ordre mondial qui a vu, au tournant du millénaire, de plus en plus se développer une hégémonie américaine, économique, culturelle et linguistique, très souvent identifiée à une homogénéisation du monde, un nivellement de la culture, une réduction à un même calibré selon les lois du marché, de nombreux espaces se réclamant d’autres valeurs et signes distinctifs ont cherché à se situer différemment, en développant un discours fort, susceptible le cas échéant de créer des unions supranationales2. Le débat sur la diversité culturelle qui a, comme on le sait, abouti à la signature de la « Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles » en 2005 (unesco), et qui est ouvertement marqué par une volonté de distinction par rapport aux dérives (anti-) culturelles d’un ultralibéralisme nord-américain, participe pleinement d’une telle dynamique.
Le tournant du xxie siècle, marqué par l’ampleur des phénomènes migratoires et les décloisonnements politiques, économiques mais aussi culturels, – et malgré la déconstruction dont le concept d’identité a fait l’objet depuis les années 1980-19903 – a donc paradoxalement été riche d’émergences ou de réactivations de discours identitaires et de concepts relevant d’une volonté de fixation et de réinscription dans des constructions imaginaires cloisonnées. Il n’est jusqu’au discours nationaliste qui n’ait connu un regain spectaculaire, comme en témoignent le débat sur l’identité nationale en France4 ou les voix appelant à constater l’échec du débat sur le multiculturalisme et des politiques d’intégration et réclamant un retour vers des valeurs strictement nationales en Allemagne5. Au-delà des cas extrêmes de la recrudescence d’un nationalisme exhibé et offensif, témoignant d’une évidente volonté de renfermement, nombreuses ont été les initiatives qui, pour être moins caricaturales, n’en témoignent pas moins d’une volonté d’identifier de nouveaux réseaux d’appartenances – voire d’en réactiver d’anciens –, de cerner des affinités et, à l’opposé, de définir des contraires et des oppositions. Dans ce contexte, la réactivation de l’idée de latinité mise au service d’une « contre-colonisation de la mondialisation »6, participe d’une dynamique similaire, et ce même si elle est présentée comme une garantie de la diversité. En effet, la manifestation la plus spectaculaire, parce qu’assurément la plus médiatisée, de la résurgence contemporaine d’une pensée de la latinité est à mettre au compte du sociologue et essayiste brésilien Cândido Mendes, auteur de très nombreuses publications et interventions et l’un des fondateurs de l’Académie de la latinité en 2000. Parallèlement à l’initiative de la diversité culturelle, fortement soutenue par la Francophonie institutionnelle, les voix de la latinité émanant principalement d’Amérique du Sud, en particulier du Brésil, sont massivement soutenues par de nombreux membres de l’Académie française. Cette initiative constitue un appel fort à une solidarité des pays « de culture latine » pour lutter contre « le déséquilibre introduit au détriment des langues et des cultures latines par la mondialisation des moyens de communication et d’échange, ainsi que les dommages pouvant en résulter pour la transmission des valeurs et des savoirs du monde latin », contre les « risques d’uniformisation culturelle »7. Elle se définit donc en premier lieu, au nom de la diversité culturelle mais pour la défense prioritaire d’une « Mondialatinité » de la civilisation8. On comprend alors aisément que cette entreprise, qui séduit alors de nombreux auteurs en Amérique du Sud et en Europe continentale, prône un élargissement à la Francophonie mondiale. Pour autant, le concept de latinité et les connotations qu’il a prises dans le contexte français et, de fait, par reproduction ou dérivation, dans le contexte francophone, s’avère, dans la plupart des cas, très problématique et sa reprise dans de telles constructions extrêmement ambiguë. En effet, avant de connaître une réception très hétérogène en fonction des différentes aires francophones, le concept a été marqué par une pensée nationale française étroite pour ne pas dire étriquée. La réception du concept au sein de l’espace francophone, qu’elle se conçoive comme une adhésion aux accents dominants ou comme une subversion du discours, se développe dans une relation dialogique avec l’intégration discursive du concept en France. Avant d’aborder les différents traitements du concept en fonction des aires culturelles francophones dites « postcoloniales », quelques rappels historiques concernant les connotations données au terme de latinité s’imposent9. 1. Genèse du concept et persistance de l’imprégnation discursive Le romanisme politique, qui se développe dans le courant du XVIIIe siècle, débouche au xixe siècle sur l’élaboration d’un concept de latinité fortement marqué par une connotation essentialiste10. Cela n’est pas surprenant si l’on considère que ce concept a vu le jour dans le contexte de la construction des discours nationalistes. De fait, la latinité devient alors très vite le moyen d’une délimitation stricte avec les autres « identités » concurrentes ou ressenties comme telles, notamment la germanité et la slavité. Le recours à la latinité ressortit donc au principe de séparation et de différence, qui préside à l’établissement de limites et de frontières claires et, si besoin est, imperméables. Ainsi, Jules Michelet, dans son Introduction à l’Histoire universelle (1831), construit une image de la France en héritière moderne de la latinité antique : présentée comme « chef de famille »11, assurant l’entente et la cohésion au sein des autres nations latines12, elle aura selon lui pour vocation de « rendr[e] au génie latin quelque chose de la prépondérance matérielle qu’il eut dans l’Antiquité, de la suprématie spirituelle qu’il obtint au Moyen Age »13. La conclusion de Michelet sur la place de la France au sein de la latinité est symptomatique du discours qui se construit alors :
Une telle lecture de l’histoire universelle selon le schéma du drame classique est une façon de construire une image de la France en nouvelle Rome, tout en la présentant dans une dialectique d’héritage et de renouveau du génie latin excluant la composante de la chute de l’Empire.
On pourrait multiplier les exemples. Dès lors, pleinement intégrée au discours nationaliste émergent, la latinité ainsi sémantisée sera ré-instrumentalisée dans la perspective d’un discours de l’ultranationalisme à tendance fascisante dans la période de l’entre-deux guerres. Ce sont les accents que l’on trouve chez Maurras, qui ne cessera d’ancrer la latinité dans une définition restrictive, reliée à la langue, à la race (au sang), au territoire et surtout à la catholicité, qu’il présente comme le « ciment » indispensable en ceci qu’elle réunit les « hauts principes d’ordre, d’autorité, d’administration, intérieure et extérieure, [les] affinités dans la manière de sentir, dans la vie sociale, héritées de l’Antiquité classique »17. Dans un contexte hanté par la crainte de la décadence et du « déclin de l’Occident », et son corollaire, l’angoisse de la montée de forces « menaçantes », Maurras reconnaîtra dans la latinité l’incarnation d’un principe de civilisation susceptible de faire rempart à la « barbarie » environnante.
C’est à partir de cette base étroite qu’il donnera une définition de ce qu’il appelle l’homo mediterraneus, conception à laquelle s’opposeront farouchement de nombreux auteurs se réclamant d’un espace méditerranéen plus vasteme et dans lequel l’ouverture culturelle aurait sa place, tels Gabriel Audisio ou Albert Camus19.
Ces remarques sur la latinité apparaissent soumises au principe de bipolarité si souvent reproché à l’auteur par les critiques et les intellectuels africains. Dans la vision du monde qui la génère, cette remarque rejoint en effet la fameuse assertion senghorienne formulée en 1939 dans « Ce que l’homme noir apporte » et qui a tant fait couler d’encre depuis : « L’émotion est nègre comme la raison est hellène »24. À la base de ces raisonnements figure un schéma binaire, partiellement tiré du discours ethnographique25, ainsi qu’il ressort d’un autre discours de Senghor, datant de 1964 et intitulé « Latinité et Négritude », prononcé à l’occasion de la remise du diplôme de Docteur honoris causa de l’Université de Bahia le 21 septembre 1964. Senghor y présente le Brésil comme une synthèse d’Africanité et de latinité, répartissant là aussi les critères identitaires selon un schéma binaire. Le Brésil serait ainsi le résultat d’une « symbiose » de composantes antithétiques : la latinité, l’africanité et, à un moindre degré, l’indianité26. Comme chez Jane Nardal, Senghor donne une vision assimilationniste d’une identité formée de la juxtaposition de deux (ou trois) composantes, par ailleurs hiérarchisées en fonction de leurs caractéristiques respectives. Il s’agit là d’une constante qui parcourt l’ensemble des textes de Senghor sur la latinité : la raison cartésienne, issue de la composante latine de l’identité (raison discursive), avec son sens de la pensée abstraite et de l’ordre, serait venue enrichir la vitalité, l’émotion, l’instinct, bref la raison intuitive négro-africaine, selon le principe de la greffe. À leur tour, dans le contexte brésilien, ces deux composantes seraient venues se féconder mutuellement et produire ce qu’il appelle le « sauvageon » de l’indianité27.
Portant en lui les traits du « génie africain », le Jugurtha de Jean Amrouche deviendra rapidement une figure d’identification dans la jeune littérature nord-africaine d’expression française37. Annonciateur de la lutte indépendantiste, il apparaît dans l’essai de Mohammed Cherif Salih, Le message de Yougourtha en 1947, et surtout chez Kateb Yacine dans Le Cadavre encerclé (1954) et dans Nedjma (1956), chez Mouloud Mammeri dans L’Opium et le bâton (1965). Dans ces textes de fiction écrits dans le contexte des Indépendances, les auteurs reprennent le motif de l’analogie entre Jugurtha et Abd el-Kader, mais en en subvertissant le contenu idéologique : il ne s’agit plus de valoriser la colonisation française en la comparant à l’entreprise de Rome, mais au contraire soit de ridiculiser le discours français, soit de se réapproprier le potentiel de résistance du guerrier numide.
En somme, dans le contexte nord-africain comme dans le contexte proche-oriental, il y a glissement de nouveau dans un schème d’opposition, mais cette fois-ci entre une latinité instrumentalisée (d’autant plus facilement que l’histoire de Jugurtha s’y prête) et un discours de l’arabité de plus en plus radical. En somme, Jugurtha vaut alors moins comme incarnation de la résistance contre la France que comme figure berbère issue de l’historiographie latine opposée à l’arabité. Dans cette sphère géographique et culturelle aussi, l’élément latin cristallise des enjeux idéologiques et identitaires qui le dépassent.
Comme on le voit, Glissant maintient son attachement au principe de la « relation », tente de proposer un modèle alternatif, irrigué par ce principe et surtout protégé d’éventuelles dérives identitaires. Il est en effet conscient des paradoxes et des dangers qui risquent de dénaturer y compris les initiatives les plus louables en les poussant dans leurs derniers retranchements, de transformer la résistance à l’homogénéisation et à la stérilisation en d’autres formes d’enfermement : « Quelques peuples résistent. Oui, avec difficulté. La nécessaire opposition en effet peut engendrer parfois un enfermement et, par une ironie terrible, ratifier la menace implicite décrétée par le capitalisme »45.
Comme on le voit, ce texte s’organise selon deux axes principaux correspondant à deux nécessités argumentatives partiellement antagonistes : il s’agit tout d’abord de poursuivre la construction discursive d’une latinité conçue comme une contre-mondialisation et donc porteuse de valeurs différentes de celles du monde anglo-saxon ; il s’agit ensuite d’échapper à la sémantisation clôturante du concept de latinité, dont nous avons vu qu’elle était particulièrement importante du fait de l’influence de l’héritage discursif français. Les actualisations auxquelles Glissant procède dans sa lecture de la latinité sont très révélatrices de cette volonté de double démarcation : en focalisant sa pensée sur le polythéisme originel opposé à un dieu jaloux, sur les fêtes saturnales remettant en cause la notion d’ordre, il définit une latinité qui se présente comme une antithèse au puritanisme mondialisé et mondialisant, mais aussi au principe d’ordre suractualisé par les lectures nationalistes (entre autres chez Maurras). Glissant s’applique donc ici à réinscrire la pensée de la latinité dans une dimension rhizomique alors que l’héritage discursif l’avait reliée à la pensée de la racine. Néanmoins, ce détour par le baroque, qui a pour but de rompre les déterminismes identitaires, porte la marque de la même ambiguïté puisqu’il inscrit un schéma binaire d’opposition identitaires sur la base de catégories religieuses (qui ont par le passé contribué à radicaliser, à sémantiser le concept dans la direction d’une restriction, d’une clôture), entre héritage de la catholicité réinterprétée et imprégnation par le puritanisme anglican, entre ordre et désordre, etc. En cela, l’actualisation des fêtes saturnales plutôt que de la clarté et de l’ordre latins, est particulièrement révélatrice, parce qu’elle porte en elle toute les contradictions imprimées au sémantisme de la latinité.
1 Habermas Jürgen, Die postnationale Konstellation, Francfort / Main, Suhrkamp Verlag, 1998. 2 Cette tendance se poursuit de nos jours, même si les espaces identifiés comme potentiellement dominants c’est-à-dire menaçants sont les pays émergents d’Asie, notamment la Chine mais aussi la Corée du Sud. 3 On songe bien évidemment ici, dans le contexte anglo-saxon, à la contribution de Benedict Anderson ; dans le contexte français entre autres aux travaux de Jean-François Bayart, mais aussi, plus récemment, de Anne-marie Thiesse. 4 On notera par exemple les accents barrésiens très identifiables du discours de clôture de François Fillon au colloque de l’Institut Montaigne le 4 décembre 2009, consultable à l’adresse : http://www.premier-ministre.gouv.fr/gouvernement/discours-de-cloture-de-francois-fillon-au-colloque-de-l-institut-montaigne (2010). 5 Voir notamment la polémique déclenchée autour des déclarations de Thilo Sarrazin et de son essai : Sarrazin Thilo, Deutschland schafft sich ab – Wie wir unser Land aufs Spiel setzen, Munich, Deutsche Verlags-Anstalt 2010. 6 Cf. Mendes Cândido, « La latinité peut-elle inspirer une contre-colonisation de la mondialisation ? » in Vox Latina Info n°42, 20.12.2001, http://www.voxlatina.com/vox_dsp2.php3?art=1271 (26.12.2009). 7 Voir les statuts de l’Académie de la latinité : http://www.alati.com.br/fra/quem_somos_estatuto.html. 8 http://www.alati.com.br/fra/quem_somos.html. 9 Sur le rôle fondateur du discours français dans la construction discursive de l’Amérique dite latine, cf. Ibold Frank, « Die Erfindung Lateinamerikas : Die Idee der Latinité im Frankreich des 19. Jahrhunderts und ihre Auswirkungen auf die Eigenwahrnehmung des südlichen Amerika » in König Hans-Joachim, Rinke Stefan (eds), Transatlantische Perzeptionen: Lateinamerika – USA – Europa in Geschichte und Gegenwart, Stuttgart, Verlag Hans Dieter Heinz, 1998, p. 77-98. 10 Sur la genèse et le développement du romanisme politique, cf. Panick Käthe, La race latine – Politischer Romanismus im Frankreich des 19. Jahrhunderts, Bonn, Ludwig Röhrscheid Verlag, 1978. 11 Michelet Jules, Introduction à l’Histoire universelle, La Haye, G. Vervloet, 1835 (1831), p. 76. 12 « Son intime union sera, n’en doutons point, avec les peuples de langues latines, avec l’Italie et l’Espagne, ces deux îles qui ne peuvent s’entendre avec le monde moderne que par l’intermédiaire de la France […] » (Ibid., p. 76 sq.) 13 Ibid., p. 77. 14 Ibid., p. 78. 15 Voir notamment son ode « A la raço latino » (1878) in Mistral Frédéric, Lis Isclo d’Or II in Œuvres poétiques complètes, Vol. 2, Barcelone, Berenguié, 1966, p. 36-41. Appelée à se relever et à reprendre la place dominante qui, selon le poète, lui échoit (« Abouro-te, raço latino / Souto la capo dóu soulèu ! / Lou rasin brun boui dins la tino, / Lou vin de Diéu gisclara lèu »), la race latine, unie par la langue, y est présentée comme « lumineuse », « apostolique », indomptable, génératrice de force et de beauté, ayant irrigué le monde de son sang, porteuse de la fécondité universelle et placée sous le triple signe du soleil, de la vigne et de la Croix. Pour Mistral, à l’évidence, la race latine est l’incarnation d’une cosmogonie chrétienne, unissant le ciel (soleil) et la terre (vigne) sous le signe et au service de la bénédiction divine, et donc en cela douée d’une vocation missionnaire. 16 Chatelain, Constant (Capitaine), L’Afrique et l’expansion coloniale, Paris, Charles Lavauzelle Éditeur, 1901. 17 Maurras Charles, « Latinité » in Latinité – Revue des Pays d’Occident, n°9, novembre 1929, p.137-141, ici p. 137 sq. Les accents qui irriguent ce texte daté de 1925, déjà omniprésents dans sa préface à l’ouvrage de Marius André La fin de l’empire espagnol d’Amérique intitulée « Les forces latines » (1922), seront par la suite repris jusque dans le Soliloque du prisonnier, texte tardif qu’il rédigera pendant ses années de détention (1944-1952). Ces textes sont reproduits dans Maurras Charles, Soliloque du prisonnier, Paris, L’Herne, 2010. 18 Ibid., p. 141. 19 À ce sujet, cf. Bromberger Christian. « Aux trois sources de l’ethnologie du monde méditerranéen dans la tradition française » in Albera Dionigi, Blok Anton, Bromberger Christian, Anthropology of the Mediterranean – Anthropologie de la Méditerranée, Maisonneuve & Larose, 2001, p. 65-83. Sur le rapport complexe entre latinité et identité méditerranéenne, cf. également Arend Elisabeth. « mare nostrum ? – Das Mittelmeer in der Diskussion um kulturelle und literarische Grenzziehungen », in : Turk Horst, Schultze Brigitte, Simanowski Roberto (Eds), Kulturelle Grenzziehungen im Spiegel der Literaturen. Nationalismus, Regionalismus, Fundamentalismus, Göttingen, Wallstein Verlag, 1998. 20 Les membres fondateurs français de l’Académie de la Latinité en 2000 étaient dans leur très grande majorité des membres de l’Académie française : Maurice Druon, Hélène Carrère d’Encausse, Marc Fumaroli, Hector Bianciotti. Voir entre autres l’historique et les statuts de l’Académie de la latinité : http://www.alati.com.br/fra/quem_somos.html. 21 Cf. Nardal Jane, « L’internationalisme noir » in La Dépêche Africaine, n°1, février 1928. 22 Citation de l’Enéide de Virgile : « chefs que nourrit la terre d’Afrique, riche en triomphes » (Chant IV, 37-38). 23 Senghor Léopold Sédar, Liberté 1 – Négritude et humanisme. Paris : Editions du Seuil, 1964, p. 354-357, ici p. 356. 24 Texte reproduit dans Senghor Léopold Sédar, Liberté I – Négritude et humanisme. Paris : Editions du Seuil, 1964, p. 22-38, ici p. 24. 25 À de nombreuses reprises, Senghor se réfère à l’ethnologue allemand Leo Frobenius, y compris dans son discours prononcé à l’Université de Bahia le 21 septembre 1964. Cf. Senghor Léopold Sédar, « Latinité et Négritude » in Liberté III – Négritude et Civilisation de l’Universel, Paris, Éditions du Seuil, 1977, p. 38. 26 Cf. également Senghor Léopold Sédar, « Le Brésil dans l’Amérique latine » (1964) in Liberté III – Négritude et civilisation de l’Universel, Paris, Editions du Seuil, 1977, p. 27-30. 27 Voir notamment le développement systématique de ces schèmes dans « Latinité et Négritude », op. cit. 28 Cf. par exemple Béti Mongo et Tobner Odile, Dictionnaire de la Négritude, Paris, L’Harmattan, 1989 ; Adotevi Stanislas Spero, Négritude et négrologues, Paris, Union Générale d’Éditions, 1972 ; Towa Marcien, Léopold Sédar Senghor : Négritude ou servitude ? Yaoundé, Editions CLE, 1971 ; parallèlement, on constate l’intégration ironique récurrente de cette mention senghorienne dans nombre d’œuvres de fiction : citons ici les romans du Malien Yambo Ouologuem, Le Devoir de violence (1968) ; du Congolais Emmanuel B. Dongala, Les petits enfants naissent aussi des étoiles (1998) ; et le film Le Grand Blanc de Lambaréné (1995) du réalisateur camerounais Bassek ba Kobhio, pour ne citer que quelques exemples. 29 Pour une étude plus détaillée de la problématique liée à la réception de Léopold Sédar Senghor par les critiques africains, cf. Porra Véronique, « Le Nègre fondamental – Léopold Sédar Senghor sous les feux croisés de la critique africaine » in Neue Romania, 23, 2000, p. 91-108. 30 Adam Paul, Notre Carthage, Paris, Eugène Fasquelle , 1922, p. 11. Pour une analyse plus poussée de ce texte, cf. Riesz János, Koloniale Mythen – Afrikanische Antworten, Francfort / Main, IKO-Verlag, 1993, p. 92-94. 31 Boissier Gaston. L’Afrique romaine. Promenades archéologiques en Algérie et en Tunisie. Paris : Librairie Hachette, 1912 (5e éd., 11895), p. 23. 32 Poujoulat M., Voyage en Algérie : études africaines, Paris, Librairie d’éducation, 1868. 33 Ibid., p. 286. 34 Ibid., p.285. 35 Rimbaud Arthur, Œuvres Complètes, Paris, Gallimard, 1972, p. 184. Il s’agit là d’un poème écrit par le jeune Rimbaud lors d’une composition latine (classe de seconde) portant sur le sujet : « Jugurtha ». 36 Amrouche Jean. « L’éternel Jugurtha – Propositions sur le génie africain » in L’Arche 2, 1946, p. 59. 37 Une récupération similaire est observable dans le domaine politique. Ainsi Habib Bourguiba, devenu président de la Tunisie indépendante, se présentera-t-il de façon récurrente comme un Jugurtha ayant réussi. 38 Kezzar Ameziane, La fuite en avant, Paris/Méditerranée, Editions Berbères, 2001. 39 Djebar Assia, Vaste est la prison, Paris, Albin Michel, 1995. 40 Sur la construction de la figure de Jugurtha comme mythe politique et son évolution dans la littérature maghrébine d’expression française, voir Porra Véronique, « Jugurtha in der französischsprachigen Literatur des Maghrebs. Von der Konstitution zur Fragmentierung eines politischen Mythos » in Tepe Peter (ed.), Mythos No. 2, Politische Mythen, Würzburg, Königshausen & Neumann, p. 145-163. 41 Genet Jean, L’Ennemi déclaré – Textes et entretiens in Œuvres complètes, Vol VI, Paris : Gallimard, 1991, p. 179. Intitulées « Près d’Ajloun », ces notes sont datées d’octobre 1970-avril 1971. Cf. également Genet Jean, Un Captif amoureux, Paris, Gallimard, 1986, p. 500 : Retraçant ses souvenirs de cette période « palestinienne » de sa biographie, Genet relate une discussion dans laquelle il objecte : « Mais quand vous me parlez d’arabité, je vous réponds par quoi ? Latinité, francité ? Et Israël judéité ? ». 42 Bernabé Jean, Chamoiseau Patrick, Confiant Raphaël, Éloge de la Créolité, Paris : Gallimard, 1989. 43 Cf. Glissant Édouard, Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990, p. 157 sq. 44 Glissant Édouard, Traité du Tout-Monde, Paris, Gallimard, 1997, p. 119 sq. 45 Ibid. p. 206. 46 Glissant Édouard, « La latinité des Amériques » in Cahiers des Amériques Latines, n°42, p.11. ___________________________________________________ - Auteur : Véronique Porra (Johannes Gutenberg-Universität Mainz)
- Titre : Latinité désirée, latinité rejetée Sur quelques ambiguïtés d’un concept en contexte francophone - Date de publication : 14-09-2011 - Publication : Revue Silène. Centre de recherches en littérature et poétique comparées de Paris Ouest-Nanterre-La Défense - Adresse originale (URL) : http://www.revue-silene.comf/index.php?sp=comm&comm_id=75 - ISSN 2105-2816 |