« Quand tu descendras du ciel » : mythologies des enfances et de Noël

Karin Ueltschi
Université de Reims
CRIMEL

Citer
Karin Ueltschi, « Quand tu descendras du ciel » : mythologies des enfances et de Noël, dans Revue Silène, Url : https://www.revue-silene.com/03_mythologies_enfances_noel/

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Sommaire

Une rumeur persistante affirme que c’est Coca-Cola qui aurait inventé et fabriqué de toutes pièces le Père Noël. Évidemment, il n’en est rien ; les publicitaires – c’est leur métier après tout – ont simplement exploité un imaginaire qui touche les cordes les plus sensibles de notre âme d’autrefois, le but étant de faire passer le message que l’on pouvait très bien boire aussi du coca en hiver. Et cela a marché, la preuve ! Mais cela a marché parce que le Père Noël n'est pas tant une « fiction récente » et que son ADN contient une mémoire mythique ancestrale qui explique son étonnante et inépuisable vitalité, c’est-à-dire sa capacité à se transformer en s’adaptant avec la plasticité propre à l’imaginaire à chaque période qui le convoque. Oui, on a dit beaucoup de choses désobligeantes sur le Père Noël, oubliant qu’il fait partie de ceux qui nous ont appris à rêver et à pressentir l’infini avec ses terrifiantes beautés. On a dit aussi beaucoup de charmantes ou agaçantes mièvreries, ignorant manifestement la longue chaîne et les ramifications de l’antique lignage qui nous l’a légué.

Le Père Noël est une manifestation vénérable d’une très ancienne histoire. On a parfois posé le problème de ses origines en termes de filiation – le Père Noël « descendrait » de saint Nicolas – pour aussitôt en contester le bien-fondé1. Or, ce qui importe, ce n’est pas tant la filiation que le « cousinage », c’est-à-dire, en termes de sémiologie, les jeux de contamination analogique : nous sommes dans l’immense domaine de la poésie, du langage et du mythe, qui ne s’appréhende qu’à travers des chiffres nécessitant des clefs. Nous avons par ailleurs affaire à un problème de correspondance entre une figure et un nom : Santa Claus par exemple renvoie directement à notre Père Noël, et pourtant, le nom de Nicolas s’y lit à peine altéré, même si l’un vient la nuit du 24 décembre, et l’autre le 6 décembre. De l’autre côté, des noms différents peuvent renvoyer au même personnage – pensons au Bonhomme Noël, au Père Janvier – ou à la même fonction, comme l’Enfant Christ qui remplit le rôle du Père Noël ou de saint Nicolas dans certaines contrées ; et, si on élargit le cercle concentrique, on aboutit même à des personnages à première vue très éloignés de notre noyau, comme la Befana italienne ou la Tante Arie savoyarde qui entrent pourtant dans le même scénario, qui reçoivent les mêmes attributs, ces « invariables » que sont clochettes, capes et couvre-chefs de toute espèce, bâtons, hottes surtout, et auxquels il faut ajouter certaines circonstances comme les Douze Jours2.

Ceux qu’on considère parfois comme les deux « inventeurs » américains du Père Noël, Clément Moore et Thomas Nast, n’ont rien inventé vraiment ; ils ont simplement donné, à partir des années 1830, une nouvelle et poétique variante à une ancienne figure dont la morphologie particulière ici est à vrai dire dans l’air du temps car déjà, en France vers 1807, la jeune George Sand attend le « petit père Noël » qui doit descendre par le tuyau de la cheminée pour poser dans son soulier une orange ou une pomme3. Noël ne cesse, aujourd’hui encore, de générer tous les ans de nouveaux contes et épisodes autour des principaux protagonistes ? Ce qui est passionnant à observer, ce sont donc ce qu’on pourrait appeler des « coïncidences » autour d’un noyau donné, ces récurrences combinant les mêmes éléments avec une constance étonnante pour produire un scénario qui peut connaître des variantes plus ou moins prononcées à travers l’espace et les époques, mais dont le cœur reste remarquablement immuable.

J'aborderai mon sujet en rapprochant tout d’abord le personnage de deux ancêtres que tout semble pourtant opposer, puis en analysant quelques attributs pour souligner leur redondance sémantique malgré leur apparente différence, enfin, en passant au crible les circonstances calendaires dans lesquelles s’inscrit l’apparition.


Ancêtres : Saint Nicolas et le Roi Hellequin

Voici ce que nous rapporte la tradition, et en particulier Jacques de Voragine dans la Légende dorée à propos de saint Nicolas (270-310). Dès son premier bain, celui-ci se tient debout, premier signe incontestable de sa prédestination ! Il ne prend le sein que le mercredi et le vendredi. À la mort de ses parents, il dispose de son héritage pour venir en aide aux nécessiteux. Le premier acte que Voragine rapporte, c’est le suivant : Nicolas envoie des sacs d’or à un homme contraint par la pauvreté qui voulait prostituer ses filles, lesquelles purent ainsi faire de beaux et honorables mariages. La tradition populaire encore vivante dans quelques régions aujourd’hui dit que ces bourses d’or auraient atterri dans des chaussures qui séchaient près du feu ! La fonction de protecteur nourricier de saint Nicolas est manifeste notamment dans un autre miracle :

Une dure famine frappa toute la province de saint Nicolas et tous les habitants se trouvaient sans nourriture. L’homme de Dieu apprit alors que des navires chargés de grain avaient débarqué au port. Il se hâta d’y aller et de demander aux matelots de secourir les affamés en donnant au moins cent mesures de grain par navire. Après des réticences et des discussions, ils s’exécutèrent, mais sans observer aucune diminution de leur cargaison4.

Ces histoires nous sont bien familières, soulignant un lien avec la fécondité/fertilité – bref, le principe de vie triomphant de la mort, à l’instar des « Trois petits enfants » sauvagement égorgés par un boucher qui les met « au saloir comme pourceaux » d’après la chanson – image détournée et monstrueuse des réserves alimentaires –, et que saint Nicolas va ressusciter.

Et aujourd’hui ? Saint Nicolas arrive le 6 décembre, surtout dans le Nord, en Alsace ou dans les pays de tradition germanique. Or, dans ces contrées, saint Nicolas est souvent double ; il se déplace à deux : il est flanqué d’un principe contraire, sombre, menaçant, mortifère. Cet aide de saint Nicolas reçoit des noms variés. Le Père Fouettard en est sans doute la variante la plus répandue en France. Et le Fouettard punit et fouette. Mais il fait pis. Saint Nicolas apporte des sacs remplis de l’endroit d’où il vient. Les sacs du Père Fouettard, eux, sont vides : le sinistre bonhomme représente bien la menace de ravir quelque chose ou plutôt quelqu’un, des enfants, des gens, pour les ramener dans cet ailleurs dont il vient. Le rouge saint Nicolas est un principe de vie tandis que le sombre Fouettard incarne le principe de l’hiver, de la nuit, de la mort. Le Fouettard nous enseigne quelque chose de très grave : on doit toujours se méfier des hottes et autres boîtes et charrettes. Ce douteux Fouettard possède des variantes, des cousins selon les régions où il sévit. Il est parfois atténué en Croquemitaine. On chante en Alsace :

Attends, Attends…
Petit bougre d’enfant !
Ce n’est pas le père Noël qui frappe à la porte,
C’est le Croquemitaine qui va te jeter dans sa hotte !
Il t’emmènera et te croquera menu
La tête, les jambes, les bras, les doigts !
Oui surtout tes jolies petites mitaines…
Car c’est ce qu’il préfère, lui, le Croquemitaine5 !

Nous ne sommes pas loin de la Befana qui enchante les Noëls des petits et grands Italiens, et qui est une fameuse porteuse de hotte, de deux hottes plus exactement, l’une remplie, et l’autre vide (ou remplie de charbon). La savoyarde Tante Arie ou sainte Lucie entrent également dans cette famille ; elles aussi, elles ont une hotte ou un traîneau6.

Toutes ces figures peuvent conduire à un personnage très ancien, le chasseur sauvage, Hellequin, que le Moyen Âge nous a légué. Il se manifeste en volant sur une monture, nuitamment, au solstice d’hiver de préférence ; des clochettes annoncent parfois son approche. Ce grand porteur de hotte sillonne à la tête de sa Mesnie – sa maisonnée, sa famille, son armée – la terre et le ciel, plus précisément cet entre-deux où les hommes et leurs morts peuvent rester en contact7. La première attestation dans un texte latin remonte au XIIe siècle8. Il résume de manière poétique et terrifiante ce qui nous guette tous : un jour la mort viendra nous prendre.

Jusqu’au XVIe siècle, la tradition écrite, latine comme vernaculaire, enrichira le scénario et en multipliera les variantes. On a fait de l’apparition une troupe de diables, un cortège de revenants ravisseurs. On l’a aussi, dans un esprit de grimaçante dérision, assimilé à un cortège carnavalesque. On s’est en particulier souvenu de Hellequin lorsque vers la fin du Moyen Âge, on s’est mis à imaginer un personnage qui danse, qui conduit une farandole et que l’on peint sur les murs des cimetières et des églises – la Danse macabre.

Hellequin est volontiers présenté comme un chasseur : la figure du Grand Veneur en est d’ailleurs une variante. Ceci actualise les deux pôles dialectiques marquant tout le soubassement de notre histoire : pôles de la mort et de la fertilité, car si la chasse procure de la nourriture, inversement à son terme se trouve toujours la mort. L’image du chasseur en reçoit une grande polarisation symbolique. Car notre chasseur, bien entendu, ne chasse pas du gibier ordinaire. Il chasse des hommes. Ce n’est pas par hasard que « l’image de Satan comme chasseur s’est imposée dès le IVe siècle, par opposition à la figure du pêcheur, qui relève des représentations christiques9. » Et, implacable efficacité de l’analogie, Satan et Hellequin seront volontiers amalgamés par les clercs tandis que les traditions populaires s’en souviennent jusqu’à nos jours : dans l’Isère, le Chasseur est assimilé au Roi Hérode, lui aussi grand porteur de hotte ou « garde-robe » vide qu’il s’agit de garnir ! L’Espagne connaît la Sancta Compaña, la Bretagne l’Ankou ; le Canada « la Chasse-Galerie » : voici peu de temps, certains prétendaient l’avoir vue passer dans le ciel de Noël : « Oui, moi, Jos Violon, un dimanche midi, entre la messe et les vêpres, je l’ai vue passer en l’air, dret devant l’église de Saint-Jean-Deschaillons, sus mon âme et conscience, comme je vous vois là10 ! » Or, ce sont les attributs de notre figure qui peuvent livrer des clefs de son secret.


Attributs : clochettes, chaussons et hottes

Le caractère sacré de la clochette est très anciennement attesté. Les habits du prêtre hébreu en sont pourvus : pour se présenter devant le Seigneur, Aaron doit suspendre à sa robe des clochettes en or séparées par des grenades (Exode, 28, 33-35). La fonction de mise à distance du « profane » semble doubler la fonction d’avertissement. De nombreuses traditions et légendes actualisent ces associations de la clochette avec le sacré, notamment avec la mort et les revenants, d’où leur présence massive à Carnaval. Anatole Le Braz signale des légendes ancestrales faisant mention du cortège de la « Société des Morts » ou « Anaon » qu’on voit le plus souvent le jour de Noël, à la Saint-Jean et le soir de la Toussaint, et dont l’approche est signalée par une « minuscule clochette11 ». Dans le texte médiéval, c’est bien souvent une cloche se mettant à sonner dans quelque ermitage qui met fin aux enchantements et sortilèges nocturnes, faisant fuir revenants, diables et autres illusions. Ailleurs, une sonnerie de cloches signale aux hommes vivant non loin de la mer qu’une cité engloutie se trouve dans leur voisinage12. En d’autres termes, le son de la cloche nous parvient presque toujours de quelque outre-monde. Et c’est bien ce que nous comprenons en imaginant le Père Noël approcher avec son tintant traîneau aérien qui vient directement du ciel, ou du moins depuis cette extrémité de la terre qu’est le pôle nord.

Mais la clochette, en avertissant, peut aussi être protectrice (apotropaïque) : elle tient éloignées toutes sortes de menaces, la plupart du temps des dangers très sérieux contre lesquels l’homme ne peut se prémunir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on attache des cloches au cou des vaches depuis les plus anciens temps. Dans les Fastes (V, 419-492), Ovide évoque un rituel consistant à mettre en fuite des revenants grâce au son d’un vase de bronze. Plutarque (Isis et Osiris, 63) rapporte que les Égyptiens croyaient que Typhon pouvait être chassé grâce au son d’une sorte de crécelle en airain que les prêtres agitaient à l’occasion de la fête d’Isis. La clochette peut en effet influer sur les phénomènes atmosphériques. Or, en Alsace, c’est saint Nicolas en personne qui, par l’entremise d’un instrument, remplit ce même office : « Autrefois, les pèlerins ne se contentaient pas de rapporter, comme souvenir de leur pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port, des croix, des médailles, des images, des chapelets, ils s’approvisionnaient encore en ce lieu de cornets en bois qui avaient, lorsqu’on soufflait dedans, la vertu d’éloigner les orages13. »

À n’en pas douter, le Père Noël a accroché toutes ces sonnettes à son traîneau pour dégager la route, pour chasser les démons qui pullulent dans l’air nocturne et qui doivent ainsi s’écarter : c’est sa première victoire sur les ténèbres, remportée sans coup férir avant même d’avoir pénétré dans notre univers ! Mais ces gentilles clochettes annoncent aussi, plus discrètement, l’arrivée d’un surnaturel aimable, scintillant et féérique, et qui fait de Noël une période incomparable : le Petit Prince n’associait-il pas le son de grelots au scintillement des étoiles et à des milliers de rires ?

Tout comme la clochette, la chaussure est investie depuis les temps les plus anciens des dimensions apotropaïques et magiques. Les rituels l’impliquant – et comment nous en étonner désormais ? – ont presque tous trait à des questions de fertilité ou de prospérité, comme le rituel de mariage peint dans le Livre de Ruth (IV, 7-10). « On quête avec le soulier non seulement quand on s’adresse aux fées, au Bonhomme Noël, au Père Janvier ou à saint Nicolas, mais lors d’un mariage14. » Burchard évoque autour de l’An Mil cette pratique, charme visant certainement à favoriser fertilité et prospérité :

Tu as fait de puérils petits arcs et des chaussures d’enfants [nous soulignons], et tu les as jetés, soit dans ton cellier, soit dans ton grenier, pour que les satyres et les Velus puissent venir jouer à cet endroit même, et qu’ils te fournissent les biens des autres, ce qui t’aurait rendu plus riche15.

Enfin, la chaussure est utilisée dans de nombreuses pratiques divinatoires que l’on observe au seuil de l’année nouvelle. Par exemple « on jette la chaussure pendant les douze nuits ainsi que pour la récolte de certains végétaux possédant des pouvoirs magiques ». Autre pratique : « quand on jette une chaussure à Noël, on en déduit si l’homme partira de chez lui ou y restera dans l’année »16. Les chaussures sont jetées par-dessus la tête, ou encore du toit de la maison ; la manière dont elles tombent, à l’instar des dés, est significative et exploitée par les devins. En Norvège, on utilise encore aujourd’hui le soulier pour lire l’avenir et le destin qu’il vous réserve, nous apprend Ronald Grambo.

C’est donc bien un soulier (ou un chausson, une chaussette, un bas de laine par exemple) que l’on dépose au pied du sapin, la veille de Noël, en espérant le retrouver rempli le lendemain : la chaussure est partie prenante dans ce « commerce » cyclique de la fertilité qui lie notre monde à l’ailleurs, d’ailleurs, les grosses bottes du Père Noël ne sont-elles pas magiques comme les bottes de sept lieux qui permettent de passer outre les limites ordinaires de l’espace et du temps ? La rangée de souliers ou de chaussons sagement alignée la veille devant la cheminée déborde le lendemain matin de tous les bienfaits de la terre, hier friandises rares, aujourd’hui délicieux surplus que sont les jouets et que la hotte du Père Noël a déversés là : c’est de bon augure ! Nous sommes au cœur de la logique du voyage dans l’au-delà. Le scénario, pour être bien cohérent, met ici l’accent sur une logique de transvasement.

La hotte est une variante de la chaussure, tout comme les boîtes, charrettes et autres traîneaux. Ce sont de véritables véhicules psychopompes qui servent à transporter une âme d’un univers à l’autre, d’une rive à l’autre, de l’ici-bas vers l’au-delà. Nous retrouvons ces attelages sans peine en Bretagne, sous la forme de la charrette funéraire du 1er novembre, l’attribut principal de l’Ankou. Pensons également à cette espèce de chariot qui sert à transporter des choses lourdes et qu’on appelle dans le langage courant des « diables » ! Dans le Dauphiné, le Roi Hérode qui conduit la Chasse Sauvage est réputé porter sur son dos une « garde-robe » dans laquelle il emporte les enfants ; une autre version fait du Revérode un pousseur de brouette dans laquelle il ramasse les enfants qui ne sont pas rentrés le soir ; il arbore d’ailleurs des clochettes17! En Alsace circulent des légendes sur des coches fantômes qui vous décollent devant le nez comme sur cette colline du Spitzling, entre Kirrwiller et Bouxwiller :

On y voit souvent circuler, entre minuit et une heure du matin, un grand carrosse attelé de deux chevaux, noirs ; nul voyageur ne l’occupe. Deux bourgeois qui voulaient aller, à cette heure tardive, jusqu’à Buchsweiler, rencontrèrent ce carrosse et s’y assirent. Aussitôt le coche s’éleva en l’air et les deux téméraires eurent toutes les peines du monde à sauter en bas. Ils le suivirent des yeux et le virent s’élever de plus en plus dans les airs où il finit par disparaître tout à fait18.

La représentation de l’enfer et du Jugement dernier accompagne souvent l’image du démon porteur de hotte. La nef est une variante particulièrement fréquente de la boîte qui peut vous emporter bien plus loin que vous ne le pensez. Au Moyen Âge elle est volontiers sans capitaine. L’Ankou échange d’ailleurs volontiers sa charrette contre une barque. Or, saint Nicolas devient officiellement le patron des navigateurs après le naufrage de 1254 que relate Joinville et auquel saint Louis a échappé grâce à l’intercession du saint19.

C’est enfin la hotte qui se charge pour ainsi dire d’exprimer poétiquement, symboliquement l’ambivalence fondamentale de Noël – la crèche de la Nativité et le massacre des Innocents – puisqu’aussi bien elle peut vous combler de bienfaits que vous menacer dans votre survie même. Le folklore en garde la mémoire et confirme cette hypothèse d’un « commerce » de fertilité de bien de façons originales, par exemple :

En pays flamand, la porteuse de hotte (…) était censée apporter dans sa hotte les petits enfants qu’elle vendait aux mamans. (…) Mais si la porteuse de hotte sait apporter les enfants, c’est qu’elle sait aussi les emporter et effectivement, elle a joué parfois le rôle ingrat de croquemitaine surtout quand elle venait de transporter du charbon dans sa hotte et qu’elle était ainsi devenue tragiquement noire20.

Mais d’autres coïncidences rassemblent toutes ces traditions.


Confluences calendaires : bûches, verdures, banquets

Le Père Noël arrive en décembre, « trou noir au fond de l’année », a dit Maupassant, où la nature inhospitalière force les hommes à se calfeutrer dans leur maison, auprès de l’âtre ; on les trouve alors attablés à l’occasion des festins les plus abondants de toute l’année, entourés de toutes sortes de verdures. Pendant les Douze Jours (de Noël à l’Épiphanie) se livre un féroce combat cosmique. Qui des deux l’emportera, le rigoureux hiver noir qui semble invincible, ou alors le souriant et lumineux principe de vie qui doit réussir à lui tenir tête ? Réussira-t-il à inverser le mouvement de la roue cosmique à l’issue de cette période où le soleil s’est immobilisé (solstat) ? Les rituels des Douze Jours (ou Douze Nuits) en appellent en effet à la renaissance du Temps qui, après avoir hésité, va finalement se remettre en route, comme encouragé par ce visage de nouveau-né ou de vieillard rond et jovial. Quelques éléments véhiculent ces signifiances, de manière redondante d’ailleurs : c’est coutumier des scénarios mythiques et sacrés.

La bûche de Noël tout d’abord : si la première attestation remonterait à 1184 (Autriche), c’est un étudiant bâlois qui donne, en 1597, la première véritable description de cette tradition répandue dans toute l’Europe21Il existe un nombre considérable de variantes régionales que reflète la multiplicité des noms que peut recevoir la bûche de Noël. Voici cependant les principales constantes autour de cet usage ancien, subordonné à la présence d’un âtre dans la maison. Sont particulièrement recommandés les bois provenant d’arbres fruitiers, prunier, cerisier et olivier dans le sud, mais aussi chênes et hêtres puisque les glands comme les faînes étaient une nourriture recherchée jusqu’à la fin du Moyen Âge. Il s’agit certainement d’une symbolique qualifiée parfois de « magie sympathique » : utiliser, brûler, donc sacrifier le bois du fruitier est un gage de futures bonnes récoltes. Ensuite, la durée prescrite de la combustion est également très variable ; parfois la bûche doit brûler en une seule nuit, parfois pendant les Douze Jours tout entiers. La durée de la combustion nourrit des pronostics d’avenir : l’abondance future des récoltes, le nombre de mariages et de naissances dans la maison comme à l’étable dépendent de la manière dont la bûche brûle. Une autre constante concerne les vertus à la fois fécondantes et apotropaïques dont on crédite la bûche, qui « pisse » ou qui « pond » des bonbons, des noix et des amandes, des gâteaux et autres friandises ; parfois, il faut taper dessus pour qu’elle « lâche » ses trésors22, ce qui rappelle curieusement la coutume de la piñata, en Amérique du Sud. La bûche en appelle donc à la fertilité du temps futur, et écarte les dangers qui pourraient menacer la prospérité du foyer et de ses habitants. Si aujourd’hui, les cheminées ont disparu de la plupart des maisons, la bûche continue cependant à faire partie de nos Noëls ; mais paradoxe saisissant, elle a migré du foyer incandescent sur la table du banquet, sous la forme d’un dessert – glacé !

L’arbre toujours vert est une autre présence indissociable de la venue du bonhomme rouge et blanc, et de cette période de solstice. Les rigueurs de la saison ne peuvent rien contre le sapin sempervirens, qui affiche, au milieu de la végétation au point d’arrêt, le triomphe de la vie sur les forces de la vieillesse, de la décrépitude et de la mort. Et c’est là encore une coutume fort ancienne. La verdure accompagnait déjà les fêtes romaines des Saturnales et des Calendes. Dans les pays du Nord, aux temps préhistoriques, existait un important culte des arbres ; on y trouve également l’antique coutume de placer dans les maisons des plantes vertes au feuillage persistant, plutôt pour éloigner les mauvais esprits, semble-t-il, que pour décorer l’espace : il s’agit de conjurer les forces des ténèbres et en appeler à la sève de la vie. Les traditions chrétiennes liées à l’arbre sont également nombreuses. Il y a ce premier arbre qui a beaucoup fait parler de lui, l’arbre du Paradis (rappelons d’ailleurs que l’on fête le 24 décembre Adam et Ève !). La tradition médiévale le confondra avec l’arbre (le lignage) de Jessé, le père du roi David, dont sortira le « rameau » christique d’après les saintes Écritures. Cet arbre sera durablement associé à la Nativité, en témoigne ce noël du XVIe siècle attribué à Jehan Porée. Après quelques couplets décrivant le plus beau verger du monde vient la troisième strophe et la description de l’arbre sous lequel se tient la Vierge allaitant son enfant :

Qu’en ce beau verger regardoys
Ung arbre qui touchoit aux cieux
Vert en tous lieux
Mais qui vaut mieux
En sa sommité, chose vroye,
Avoit un fruict délicieux.

Ce fruict sembloit une pucelle
Laquelle tenoit un enfant…
Ce bel arbre tant fructifère
C’estoit Jessè certainement…23.

Il est vrai, ce n’est pas encore notre sapin de Noël. Mais un texte du XIIIe siècle montre déjà un arbre aux chandelles à côté duquel se tient l’Enfant Jésus. La scène est vue comme une grande merveille24. Et voici l’ancienne légende pouvant possiblement expliquer la fortune à venir du sapin de Noël : un moine bénédictin anglais, saint Boniface, partit dans les contrées septentrionales vers 723 pour les christianiser. Il rencontra alors près de l’actuelle ville allemande de Geismar des coutumes sacrificielles qui s’organisaient autour d’un vigoureux chêne dédié à Thor. Saisi de fureur, Boniface attrapa une hache et coupa d’un seul élan l’arbre majestueux. Le peuple assemblé s’attendait alors à ce que la foudre de Thor indigné frappât sans tarder le téméraire moine. Mais rien ne vint : victoire du Dieu chrétien sur Thor ! Et Boniface pointa du doigt un petit sapin poussant au pied du géant tombé et dont les branches s’ouvraient vers le ciel ; il déclara que c’était celui-ci, le saint arbre, l’arbre de l’enfant Jésus, promesse de vie éternelle ; la forme triangulaire renvoyait à la sainte Trinité. Et c’est ainsi que le chêne et la hache sont devenus l’emblème du saint, et, peut-être, le sapin l’arbre de Noël.

Les traditions consistant à décorer les maisons avec des plantes vertes – sapins, branchages, gui et houx – au solstice d’hiver peuvent être reliées au Weihnachtsmeyen alsacien, littéralement « mai de Noël25 » : coïncidence des contraires une fois de plus, célébration du printemps au cœur de l’hiver rappelant les violettes de la bûche d’Anatole France. On lit dans la Nef des fous de Brandt en 1494 :

Celui qui n’a pas quelque chose de neuf
Et qui ne va pas chanter pour le nouvel an
Et qui ne plante pas des branches de sapin dans sa maison
Celui-là croit qu’il ne passera pas l’année26.

Mais la tradition proprement dite du sapin de Noël serait née au XVe en Alsace. À l’approche des fêtes, on se rendait dans la forêt pour couper des arbres, tant et si bien que les gardes-forestiers furent mandés pour surveiller ce « trafic » naissant, et en 1521, à Sélestat, une dépense de deux schillings est mentionnée pour rétribuer les gardes-forestiers chargés d’encadrer cette pratique. Le sapin aurait ensuite été introduit en France en 1837 par la princesse Hélène de Mecklenbourg après son mariage avec le duc d’Orléans ; en Angleterre, le prince Albert, époux de la reine Victoria, en fait dresser un au château de Windsor en 1841 ; Charles Dickens le qualifie, en 1850, de « nouveau jouet allemand ». Ce qui n’empêche pas le président des États-Unis de déclarer, en 1891, aux journalistes : « Et nous aurons [à la Maison Blanche] un Arbre de Noël vieux jeu pour les petits enfants27 » ! On y accroche des roses et des pommes, respectivement référence à Ève et à la Vierge Marie. Aujourd’hui, les boules remplacent volontiers les pommes ; leur forme sinon leur couleur rappelle cette belle et ancienne histoire.

La couronne de l’Avent est un avatar, un précurseur liturgique, pour ainsi dire, du sapin qu’on installe quatre semaines avant Noël : chaque dimanche nous séparant de Noël on allume une, puis deux, puis trois et enfin quatre bougies plantées en général dans la couronne confectionnée avec des branches de sapin (ou de pin, de houx, de genévrier, de laurier ou de gui) ; elle est suspendue au plafond ou, le plus souvent aujourd’hui, posée sur la table. La couronne est-elle apparue en Autriche au XVIe siècle, ou la devons-nous aux luthériens d’Allemagne orientale ?

Le gui éternellement vert sous lequel on s’embrasse le 1er janvier porte ce même symbolisme et en valorise plus particulièrement la dimension amoureuse et donc la fécondité et l’enfant à venir. C’est une plante sacrée pour les Celtes : seuls les Druides pouvaient le cueillir. Pline évoque déjà ses vertus sacrées et prophylactiques28.

Quant au houx, son lien avec la fertilité semble également évident : on s’en servait à Rome pour fabriquer des couronnes aux nouveaux mariés et on en décorait les maisons lors des festivités des Saturnales. Il renvoie aussi à la couronne d’épines promise dès la crèche à l’Enfant Jésus. Au cours du Moyen Âge, de nombreuses pratiques témoignent des vertus apotropaïques du houx. En tant que décoration, il reste jusqu’à nos jours un porte-bonheur : ses baies rouges mariées au vert foncé sont les couleurs de Noël par excellence.

Autres traditions liées à la vie végétale, en Provence, à la Sainte Barbe (4 décembre), on met à germer du blé ; les jeunes pousses serviront à orner la crèche à Noël. En Autriche, on coupe les tiges d’arbustes à floraison rapide qui seront en fleurs pour la Noël : on les appelle « rameaux de sainte Barbara ». Il arrive d’ailleurs à sainte Barbe ou Barbara, outre-Rhin, de distribuer des cadeaux à cette période de l’année.

De la verdure en hiver donc ; mais un second paradoxe marque nos fins d’années. Les cérémonies sacrées sont presque toujours accompagnées de – banquets sacrés ! Le festin de Noël clôt le « petit carême » ou « carême de la saint Martin », qui correspond à l’époque de l’Avent marquée par la couleur violette des ornements liturgiques catholiques. Le repas qui suit ce jeûne ainsi que la messe de minuit peut durer une bonne partie de ce qui reste de la nuit, d’où ce joli nom de « réveillon » qu’il a reçu à partir du XVIe siècle et qui sera appliqué également à cet autre repas, celui de la Saint-Sylvestre, lorsque l’univers bascule dans un nouveau Temps et dont les hommes guettent aujourd’hui avec une précision électronique l’instant exact.

De grandes variantes de ce banquet de réveillon existent de région en région, mais sa permanence souligne son aspect fondamentalement sacré dans le cadre des rituels des Douze Jours. Le repas reçoit parfois le nom significatif de Defructus, emprunté à l’antienne De fructis ventris tuis qui est chantée à Noël : aux vêpres, dans le Doubs notamment, on emportait à l’église des jambons, des pâtés et d’autres gâteaux qu’on entassait dans un coin prévu pour cela, appelé en toute logique le De Fructu. Lorsque, dans l’office on arrive au verset De fructu ventris tui ponam sedem tuam, « les assistants se jetaient sur ces victuailles, se les disputaient29 ». Et que dire de ce noël du XVIe siècle retraçant le dialogue entre deux bergers se demandant ce qu’ils pourraient bien apporter à la mère du petit roi qui vient de naître :

COLIN
Que luy donras-tu Robin,
A ceste vierge nourice.

ROBIN
Je luy donray d’un boudin
Et d’une bonne saulcisse
Faictz au sel et à l’espice
Et toy, Colin, il faudra
Que luy donne quelque chose. (…)

COLIN ET ROBIN
Or chantons donc tous Noël
En l’honneur du fruict de vie
Nau-Noël, Noël, Noël
Pour Jésus et pour Marie
Or Dieu gard la compaignie
Amen, Noël30.

Du boudin et une saucisse : on peut souligner la relative fréquence, jusqu’à un passé récent, du porc dans le menu de Noël, ce qui correspond naturellement à la pratique de son abattage qui a toujours lieu en hiver. En Roumanie, on élève toute l’année le « cochon de Noël ». Enfin, dans certaines régions, on observe de véritables débauches alimentaires dès le XVIIe siècle, mais qui sont sans doute beaucoup plus anciennes. Dans de nombreuses régions, pendant la période de Noël, on confectionne des gâteaux ; chaque famille possède ses propres recettes. Ces pratiques résolument joyeuses font partie de l’esprit lié aux préparatifs à la fête. De nombreux anthropologues voient dans ces préparatifs culinaires la survivance de traditions préchrétiennes, notamment celle consistant à donner « un repas aux fées », voire un sacrifice à Perchta et à l’armée des morts qu’elle conduit31. En tout cas, ces rites gastronomiques constituent une pièce supplémentaire à notre épatant puzzle. Ils sont observés respectivement à l’entrée et à l’issue de la période des Douze Jours et culminent dans un ultime repas rituel autour de la Galette des rois, ronde comme le soleil, a-t-on pu dire. Et cachée dans la galette depuis le XIVe siècle, la fève, promesse de germe à venir.

La thématique des étrennes s’imbrique parfaitement dans la mosaïque. Nous conservons d’anciennes traces des diverses pratiques qui y sont liées. Dans un rondeau, le poète arrageois Adam de la Halle (XIIIe siècle) évoque une personnification de Noël : Monseigneur Noël (Mes sires Noueus). Ses « petits enfants », « ses écoliers » puisqu’il est leur patron tout comme saint Nicolas – vont en chantant, à Nohelison, de maison en maison pour quêter quelques sous qu’ils distribueront ensuite à leur tour32. La pratique des étrennes associée à des tournées de chants remonte aux Romains. Les strenae désignaient un don de bon augure offert à l’occasion des fêtes ; selon Ovide (Fastes, I, 185), il s’agit de dattes, de figues ridées et de miel, mais on trouvait aussi volontiers déjà des noix, dorées, argentées ou peintes en rouge33 !


En guise de conclusion : la barbe du Père Noël

Les enfants ne s’y trompent pas en reculant avec frayeur devant le gros bonhomme barbu, et se débattent si des adultes ont l’idée saugrenue de vouloir les poser sur ses genoux, tout près de son effroyable figure : ils pressentent qu’il y a là-dessous quelque chose de caché, l’identité véritable du bonhomme. Barbe, cape et capuche : ces trois attributs se confondent dans une seule et même fonction, dissimuler. Dissimuler comme le fait un masque, mais dissimuler quoi, exactement ? Un sombre secret, une menace ? L’identité, la vraie ? Une figure si sacrée que l’œil de l’homme ne doit pas la contempler ? Qu’y a-t-il sous le masque ?

La barbe, on le sait, est le masque le plus rudimentaire qui soit. Il est l’apanage des grandes créatures – disons ambiguës et terrifiantes comme tout ce qui relève du sacré. On n’imagine pas Dieu le Père ou Moïse sans grande barbe, ni Charlemagne – ni l’homme sauvage ou le géant sanguinaire qui, à la manière de Riton, assoit son autorité en coupant la barbe des autres rois dans l’univers arthurien. Cette fonction dissimulatrice de la barbe est doublée par le couvre-chef typique de notre bonhomme, mitre et surtout capuche qui cache en partie le haut du visage, et la cape ou un vaste manteau qui enveloppe tout le reste de la silhouette. Or, là encore, nous pouvons interroger d’anciennes traditions pour essayer de comprendre la charge symbolique de ce qui est loin d’être un détail anodin. Le costume des Saturnales était composé d’une simple tunique et surtout, du pileus libertatis, sorte de bonnet d’esclave ou d’affranchi. L’étymon cappa distingue d’ailleurs mal la capuche de la cape : c’est un ensemble qui sert à dissimuler figure et silhouette.

La barbe (la cape et tous ses avatars ou variantes – coule, capuche, chapeau, masques) constitue une métaphore de l’invisibilité et de la métamorphose perpétuelle d’une identité à jamais fuyante. Qui se cache sous la barbe, qui se cache sous le capuchon ? Oui, « qui es-tu qui te caches sous cette grande barbe blanche, dans cette noire nuit ? D’où viens-tu, et de quelle essence es-tu fait ? Oui, qui es-tu ? » Cette interrogation souvent muette fait écho à une très ancienne question qui émaille la littérature et qui, en réalité, reflète toujours une seule et même surprise face à un être étrange qui se présente à nous. What art thou, that usurp’st this time of night ? (Hamlet, I.1.), demande un gardien au spectre du roi du Danemark qui lui apparaît – qui es-tu, ou plutôt quelle chose es-tu, toi, qui oses hanter cette heure de la nuit ? Elle sera reprise dans le terrifiant « Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ? » du Erlkönig de Goethe. Les enfants qui refusent, terrorisés, de s’asseoir sur les genoux de ce barbu étrange, ont tout compris. Ce sont d’ailleurs eux qui formulent volontiers cette autre question qui la recoupe : le Père Noël existe-t-il ? En tout cas, on peut, en guise de fin mot de l’histoire, affirmer haut et fort que cette interrogation est beaucoup plus existentielle qu’il n’y paraît.


1. « Cette théorie, volontiers accueillie par le grand public, ne résiste pas à l’examen des documents » : Arnold Van Gennep, Le Folklore français, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1999, t. 3, p. 2412.
2. Tel est le propos et la structure de notre ouvrage, Histoire véridique du Père Noël. Du traîneau à la hotte, Paris, Imago, 2021 (3e édition).
3. George Sand, Œuvres autobiographiques, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1970-1971, vol. 1, p. 532-533.
4. Jacques de Voragine, La Légende dorée, A. Boureau (dir.), Paris, Gallimard, « La Pléiade », 2004, p. 30-31.
5. La Grande Oreille, « Noël ! », n° 8, Hiver 2000-2001, p. 35.
6. On récite en Italie : Tanta Lucia con il suo carretto/ lascia a tutti un gioco e un dolcetto./ Porta ai bambini tanti regali/ tutti belli, tutti speciali.
7. De très anciennes versions de la Chasse sauvage mettent également à sa tête une figure féminine qui s’appelle Percht, Abundia ou Hérodiade. Voir Karin Ueltschi, La Mesnie Hellequin en conte et en rime. Mémoire mythique et poétique de la recomposition, Paris, Champion, 2008, p. 542 sqq.
8. Orderic Vital, Historia ecclesiastica, VIII, 17, éd. M. Chibnall, Oxford, 1973. Texte cité dans Karin Ueltschi, La Mesnie Hellequin…, op. cit., p. 709-714.
9. Claude Lecouteux, Chasses fantastiques et cohortes de la nuit au Moyen Âge, Paris, Imago, 1999, p. 77.
10. Louis Fréchette, La Noël au Canada, Montréal, La Corporation des Éditions Fides, (1899) 1980, p. 128.
11. Anatole Le Braz, La Légende de la mort, in Magies de la Bretagne, éd. F. Lacassin, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 1994, t. 1, p. 311.
12. Arnold Van Gennep, Le Folklore…, op. cit., t. 3, p. 2713 ; A. Le Braz, La légende…, op. cit., t. 1, p. 280 sqq.
13. Claude Seignolle, Contes, récits et légendes des pays de France, Paris, Presses de la Renaissance, 2004, « Lorraine », « Vive saint Nicolas », p. 582.
14. Pierre Saintyves, Les Contes de Perrault et les récits parallèles (leurs origines), Paris, Robert Laffont, (1931) 1987, p. 147.
15. Decretum XIX, 5, 103, PL 140, col. 1066.
16. Émilie Lasson, Superstitions médiévales : une analyse d’après l’exégèse du premier commandement d’Ulrich de Pottenstein, Paris, Champion, 2010, p. 273 et p. 285. Voir aussi le jet de chaussure, p. 342.
17. Charles Joisten, Êtres fantastiques. Patrimoine narratif de l’Isère, Grenoble, Musée dauphinois, 2005, p. 100 (mars 1959 et septembre 1963), p. 117 (octobre 1963) et p. 71 (novembre 1961). Concernant le Roi Hérode dans l’Est de la France, voir aussi Claude Seignolle, op. cit., « Franche-Comté», p. 1245 sqq.
18. Claude Seignolle, op. cit., « Alsace », p. 866 : « Coches fantômes ». Voir aussi « Le coche fantôme », p. 864.
19. Joinville, Vie de Saint Louis, éd. J. Monfrin, Paris, (Garnier, 1995) Le Livre de Poche, « Lettres Gothiques », 2002, p. 522, § 632.
20. Bernard Coussée, Saint Nicolas, histoire, mythe et légende, Raimbeaucourt, CEM Éditions, 1999, p. 113 et 115.
21. Arnold Van Gennep redonne in extenso le précieux texte en moyen haut allemand, suivi de sa traduction. Le Folklore…, op. cit., t. 3, p. 2486-2488.
22. Anatole France, Le Crime de Sylvestre Bonnard, Paris, Gallimard, « Folio », (1881) 1991, première partie : « La bûche », p. 104.
23. Henry Poulaille, La Grande et Belle Bible des Noëls anciens, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Albin Michel, 1949, p. 44-46.
24. Durmart le Galois, roman arthurien du treizième siècle, éd. J. Gildea, O.S.A., Pennsylvania, Villanova, The Villanova Press, 1965, vol. 1, v. 15 813-15 816.
25. Philippe Walter, Mythologie chrétienne. Fêtes, rites et mythes du Moyen Âge, Paris, Imago, 2003 (rééd. 2011), p. 79.
26. Sebastian Brant, Das Narrenschiff, éd. J. Knape, Stuttgart, Reclam, 200565, v. 37-40, p. 324.
27. Francis X. Weiser, Fêtes et coutumes chrétiennes. De la liturgie au folklore, Paris, Mane , 1960, p. 94.
28. Pline, Histoire Naturelle, XVI, 249-251, éd. et trad. J. André, Paris, Les Belles Lettres, 1962.
29. Arnold Van Gennep, op. cit., t. 3, p. 2627.
30. Henry Poulaille, op. cit., p. 347. Receuil [sic] de vieulx et nouveaulx Noëlz, recueilliz par frère Jehan de Villegontier, Manuscrit BN Fr. 14.963 (Fonds La Vallière).
31. Arnold Van Gennep, op. cit., t. 3, p. 2556 ; Karin Ueltschi, La Mesnie Hellequin…, op. cit., p. 548 sqq.
32. Adam de la Halle, Rondeau XVI, Œuvres Complètes, éd. P.Y. Badel, Le Livre de Poche, « Lettres Gothiques », 1995, p. 194.
33. Martial, Épigrammes, éd. H.J. Izaac, Paris, Les Belles Lettres, 1969-1973, VIII, 33, 11-12 et XIII, 27.